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I42                  UNE NOUVELLE BOUTIQUE

gie entre les chrétiens sujets du roi » sans avoir l'habileté
et le savoir nécessaires, et qu'ainsi « par leur inscience et
folle entreprise, grands périls et inconvénients irréparables
pourraient s'ensuivre envers lesdits chrétiens sujets du roi,
s'il n'y était par lui porté remède. »
    Du reste du royaume c'était des usures, des rapines des
Juifs qu'on se plaignait. A Reims, une réunion de notables
de plusieurs bonnes villes émet le vœu : « Que vu les
méfaits des Juifs, le roi les remette sujets et justiciables des
juges ordinaires dans le ressort desquels ils demeurent, en
la même forme et manière que sont les chrétiens. — Et
qu'il leur soit ordonné de porter, comme au temps passé,
une grande rouelle bien notable, de la grandeur du sceau
royal, afin que différence soit faite de eux aux chrétiens et
que d'iceux Juifs l'on puisse avoir meilleure et plus claire
connaissance (26). »
   Ces « représentations » eussent, sans doute, été écoutées
de Charles V, si ce prince n'avait, malgré sa sagesse, com-
mis la faute de prendre pour argentier et d'admettre dans
ses conseils un certain Manassès de Veson, chef d'une
grande famille de banquiers israëlites (27). Grâce à l'inter-


   (26) Les ordonnances royales de Nîmes, 27 décembre 1362, de Reims,
20 octobre 1363; d'Amiens, 5 décembre 1363, donnèrent un semblant
de satisfaction à ces plaintes et requêtes. Mais dès l'avènement de
Charles V (avril 1364) les juifs reprennent faveur.
   (27) En 13 50, Aynard de Villeneuve et Henry Chevrier, receveur de
la ville de Lyon, s'obligent, probablement au nom de la ville, envers
un Juif nommé Jean de Veson. V. Pericaud, Notes et documents. Joseph
de Veson, fils de Manassès, abandonna le judaïsme et reçut le baptême.
Sa conversion fut l'occasion de l'abolition de l'usage, précédemment
en vigueur, de confisquer les biens de tout Juif qui se convertissait à Ja
foi chrétienne.