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             LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ITALIENNES                117

s'est pas produit tout d'abord en France, où ne régnaient ni
l'indépendance de la pensée ni la liberté politique, à une
époque où la péninsule était au contraire la terre de la
liberté intellectuelle et de la tradition classique. « Car les
Italiens se rapprochèrent de l'antiquité moins par l'imita-
tion des formes de la pensée et de l'art que par un retour
aux sentiments et aux passions de l'âme antique ». En même
temps, la création d'une langue vulgaire entendue de tous
les États transalpins, consacrée par l'usage qu'en faisaient
de grands écrivains, ses formateurs, comme Dante et
Boccace, contribuèrent à faciliter l'essor de la pensée en
Italie.
    M. Gebhart nous fait assister à la formation de l'âme
 italienne. Il nous la dépeint comme ayant le sens très juste
des choses réelles, une horreur complète des préjugés, des
inquiétudes, des sophismes, de l'ennui, du découragement;
un sens critique aigu, une disposition esthétique naturelle,
la passion profonde, l'énergique volonté, l'intelligence des
choses et des hommes, le respect et le culte de la femme,
l'amour de la vie élégante, brillante et polie. Parlant de
Dante, de Pétrarque, des premiers historiens, de la pein-
ture et de la sculpture italiennes, il s'efforce de prouver
que la Renaissance, tout en revenant à Platon, à la liberté
du raisonnement et de l'invention, au culte de la beauté et
du plaisir, au sentiment de la nature et du réel, s'est pro-
duite en Italie sans aucune révolution religieuse, en vertu
d'un accord remarquable entre la foi et la pensée. L'Eglise
qui fut au moyen âge l'implacable ennemie des lettres et
de l'idée, a contribué largement à l'essor de la Renaissance
italienne. Les pontificats de Nicolas II, Pie II, Jules II,
Léon X, en sont garants. Jamais il ne s'est produit en Italie
ce qui s'est passé en France, en Allemagne, aux Pays-Bas où