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382 EN OIS ANS peu de prise sur le roc pour nous y tenir à l'aise, mais nous dûmes prendre de sérieuses précautions pour n'être pas « dérochés » par les chutes de bloc qu'on occasionne. Le sommet peu large du Pic de Neige Cordier (3,615 mètres), n'offre aucune plateforme. C'est une crête ruinée, horizontale, dont les points les plus élevés, aux extrémités, sont éloignés de dix minutes l'un de l'autre, c'est-à -dire de quelques mètres. Un vent d'ouest, très fort, nous oblige à la traverser sur les genoux. Nous nous calons dans des anfractuosités du versant sud, sans nous détacher, et là , ouvrant les sacs aux provi- sions, nous les allégeons pour la quatrième fois. Il est dix heures et demie, nous avons mis cinq heures environ depuis le refuge Tuckett. Pendant une heure, bien abrités, nous nous chauffons au soleil, comme des lézards sur un vieux mur, et contem- plons, par des trouées dans les nuages, la Roche-Méane, la Grande-Ruine, toute la chaîne des Ecrins, les Pics de Neige du Lautaret, et, au fond, le massif de la Meije. A nos pieds, le Glacier Blanc nous aveugle de sa réverbération et semble nous attirer par ces horribles couloirs de pierre qui donnent le frisson. Nous pensions encore que nous avions fait là une course première, l'ascension du Pic de Neige Cordier par l'arête est. Nouvelle erreur de notre part. Cette course avait été faite une fois, le 24 juillet 1887, par M. G. Engelbach. Nous redescendons par la route ordinaire du versant ouest, pente de neige facile qui nous met en un quart d'heure sur le col Emile Pic ou col de la Plate-des-Agneaux (altitude 3,502 mètres.) Il nous faut ensuite une bonne heure pour arrivera la source de la Romanche parle mauvais glacier des Agneaux,