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AUX XVe ET XVIe SIÈCLES 363 Les de Tournes avaient pour emblème un serpent mor- dant sa queue, et pour devise : Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît. Sébastien Gryphe, dont le nom est également resté célèbre, était d'origine allemande, souabe, disent les biblio- graphes. C'était un savant de premier ordre, l'ami de Scaliger, de Conrad Gesner et de Jean Voûté. Il suffit de jeter les yeux sur la longue liste que Mattaire nous a donnée des éditions sorties de ses presses, pour juger de son travail; on y trouve plus de trois cents ouvrages diffé- rents. C'est surtout une collection d'auteurs latins d'après les leçons d'Erasme, d'Ange Politien, de Crinitus et des autres scholiastes de la Renaissance qui lui a valu la répu- tation dont il a joui durant toute cette époque glorieuse. Sa belle Bible latine de 1550 est faite avec des caractères ronds les plus beaux et les plus grands qui aient paru jusqu'alors. Les illustrations du Petit Bernard sont parfois les mêmes que celles des divers abrégés de l'Ancien Testa- ment et des Evangélistes de Jean de Tournes, dont nous avons parlé plus haut. Il mourut en 1556, en laissant un fils qui hérita de son talent et jouit de la même célébrité. Je ne puis m'étendre longuement sur Etienne Dolet, dont les éditions parfaites comme correction méritent la même admiration au point de vue typographique. Dolet était un savant humaniste, et il nous a laissé des Commentaires sur la langue latine, véritable monument d'érudition et de critique. Après avoir longtemps cherché sa voie, il se fit correcteur d'imprimerie, puis imprimeur. Son tempérament querelleur et acariâtre, sa passion pour les discussions acerbes, lui créèrent de terribles ennemis.