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« MIRABliAU » 263 « tel vacarme qu'il fallut, pour le mettre à la raison, faire « entrer la maréchaussée dans le parterre... « Epris d'une comédienne, il devint son amant par sur- et prise, et, sans plus d'argent que de scrupules, cet ado- « lescent « farouche » partageait philosophiquement, tantôt « avec l'un, tantôt avec l'autre, les nuits changeantes de « Mlle Dangeville. » Après ces détails intimes sur le personnage, M. Rousse n'a garde d'oublier l'analyse très complète de ses oeuvres. Il est évidemment un de ces « citoyens courageux » qui ont lu YAmi des hommes, « pour en dispenser tous leurs contem- « porains. » Il nous montre, « qu'à travers ce brouillard « d'idées, de rêves et d'utopies, dans ce demi-jour où se « croisent d'inextricables détours, de loin en loin percent « de grands coups de lumière. De ces divagations épaisses « se dégagent alors les questions les plus vivantes qui « puissent intéresser les sociétés humaines, celles qui « devaient surtout surprendre et troubler une grande « nation accablée de maux et de vieillesse, avide de rajeu- « nissement et de nouveautés. Le portrait du bailli et le portrait du comte ne sont ni moins animés ni moins ressemblants ; mais cette première partie, malgré son puissant intérêt, n'est à vrai dire qu'une introduction. Dans la deuxième et la troisième partie Mirabeau entre en scène. Il est étudié à toutes les périodes de sa vie ; dès sa naissance, le marquis « consterné de son « étonnante progéniture », écrit à son frère : «ton neveu est « laid comme celui de Satan. » A huit ans l'enfant « est « présomptueux et beau parleur, comédien de naissance, « par vocation » ; il se fait applaudir sur un petit théâtre dont son instituteur, l'honnête Poisson, « est le poète, le