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URIAGE ET VIZILLE. 551 zèle qu'il venait de donner à sa patrie, par la manière dont il avait accueilli ses concitoyens. Les trois ordres avaient élu pour président le comte de Morges , et pour secrétaire, Mounier, juge royal à Grenoble. Celui-ci rédigea tous les actes émanés de cette assemblée ; nommé député du Dau- phiné aux États-Généraux de 1789 , il exerça sur les pre- mières délibérations de son ordre une juste influence , pré- sida l'Assemblée constituante, et mérita , par ses nobles sen- timents , cet éloge prononcé en 1806 sur sa tombe: « Il avait soif de justice. » Depuis le jour mémorable où, après un silence de cent soixante ans (1), les états du Daupbiné exposèrent leurs justes réclamations , depuis cette séance solennelle, où les trois ordres adressèrent au roi leurs Irés-respeclueuses repré- sentations , beaucoup de noms célèbres ont visité Vizille et son château , sans compter les troupes qui l'on traversé sous la République et l'Empire pour aller planter le drapeau trico- lore sur les champs de bataille de l'Italie , ou aller montrer aux capitales de l'Europe leurs aigles victorieuses. Le pape, Pie VI, enlevé de Rome par ordre du directoire, entra en France parlemontGenevre en 1798 et séjourna vingt-quatre heures au château de Vizille. 11 y reçut, des directeurs de la fabrique et de la population, les témoignages de respect et de vénération dus à sa vieillesse et a son auguste caractère. En 1815, Napo- léon, revenant de l'île d'Elbe pour conquérir une seconde fois le trône, y entra avec sa petite armée, salué par les acclama- tions des habitants et des paysans accourus des montagnes voisines pour l'accompagner jusque sous les murs de Gre- noble. L'année suivante, le duc d'Angoulême y passa en se (1) Louis XIII avait suspendu par une ordonnance de 1628, les états pro- vinciaux , pour calmer l'agitation générale provoquée par les dissensions fort graves qui s'étaient élevées entre les Ordres privilégiés et le Tiers Etat, au sujet de l'établissement de la taille.