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540 UR1AGE ET V1ZILLE. verse une cour spacieuse, mais couverte de gazon et l'on arrive directement à l'autre extrémité du monastère où se trouve un autre portail qui servait d'entrée du côté de la montagne. Plusieurs ruisseaux parcourent en divers sens ce plateau et interrompent par le bruyant frémissement de leurs eaux limpides le silence qui règne au milieu de ces forêts. L'œil ne peut embrasser sans émotion tous ces bâti- ments en ruines qui n'ont été à l'abri ni des violences des hommes, ni des injures du temps ; quelques pans de murailles encore debout et les signes extérieurs d'une église indiquent le lieu où chaque jour la cloche réunissait les religieuses pour adresser des prières au Tout-Puissant ; des murs à moitié détruits, des pierres amoncelées marquent aussi l'étendue du monastère et la disposition intérieure des édifices dont l'emplacement est maintenant occupé par de modestes jardins décorés de quelques violettes ou de quelques rhododendrons On ne peut s'empêcher de regretter que cette pieuse retraite, • élevée depuis plus de cinq cents ans dans un des sites les plus pittoresques de la contrée, enrichie par la munificence des maisons du Dauphiné, que cette sainte demeure où s'étaient renfermées les descendantes de tant de familles illustres, où s'étaient retirées tant de vertueuses princesses et de nobles cœurs, ait été atteinte dans un jour d'orage. Le souffle des révolutions a emporté ce que le feu des guerres de religion avait épargné et il ne reste plus que des ruines pour souvenir de sa splendeur passée. La Chartreuse de Prémol (Prati-moUis Cartusia) fut fondée en 1234 par Béatrix, fille de Guillaume, marquis de Mont- ferrat et femme de Guigues VI, dit Guigues-André, dauphin. Cette princesse fit don à ce monastère de tout le territoire où étaient situées l'église et la maison avec tous les biens qui l'entouraient. Elle lui céda encore les droits qu'elle avait sur la montagne de Prémol et sur l'île appelée la vielle morte en