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496                       NOTICE HISTORIQUE
notice écrite plutôt, en vue de grouper autour de ces ruines tous
les souvenirs qui s'y rattachent, que de les étudier sous le rap-
port architectonique, ne me permet pas de disserter longuement
et de produire ici tous les arguments qui peuvent militer en fa-
veur de mon opinion. Je me retranche donc dans un seul ordre
d'idées.
   Rien ne prouve d'abord que cette tour ait fait partie d'un sys-
tème quelconque de fortification. Des meurtrières percées beau-
coup plus bas que les créneaux d'une espèce d'avant-cour qui en
défendait l'entrée et se trouvant placées depuis dans les apparte-
ments les plus intimes du château, témoigneraient au contraire
de son isolement. Son heureuse position sur une espèce de poypo
naturelle lui découvrait les plus vastes horizons. Sa hauteur était
mesurée par sept cordons de pierres en saillie, comprenant cha-
cun un nombre égal d'assises jaunes et blanches. Deux de ces
cordons existent encore aujourd'hui dont la hauteur totale est
de dix-sept mètres; ainsi cette tour, lorsqu'elle était intacte,
devait s'élever, y compris le donjon, à soixante ou soixante-deux
mètres environ.
   11 est ensuite à remarquer qu'elle a la plus grande analogie,
quant à sa position, à sa structure , à la disposition alternée de
ses appareils de pierres de couleurs différentes, avec ces tours
romaines isolées décrites par Montfaucon(l), sur l'utilité pratique
desquelles on n'est pas d'accord, mais qu'ordinairement on con-
sidère comme des phares ou tours d'observation. On dirait même
qu'elle a été copiée servilement sur l'une d'elles.
   C'est à n'en pas douter dans un but analogue qu'elle avait été
ainsi élevée ; mais quel pouvait donc être ce but ?
   Je suis porté à croire qu'elle avait été bâtie pour la sûreté du
péage de Trévoux, l'un des plus importants de la Saône et qui
se levait déjà au Xe ou au XI" siècle. Une charte publiée par Gui-
chenon (2) nous apprend en effet que les sires de Villars, dont

   (1) Supplément à V Antiquité expliquée. \. îv, liv. vi, ch. îv, p. 134 el
eh. vu, p. 116.
   (2) Hist- de Bresse, el du Buqey ; Preuve?, p. 248.