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394 ÉTUDE SUK LA LANGUE DES HÉBREUX. du Tigre. On les parlait aux cours de Ninive et de Babylone , et ils servirent à écrire les observations astronomiques les plus an- ciennes dont l'histoire fasse mention. L'arabe est l'idiome le plus opulent de la famille sémitique ; par sa flexibilité et son harmonie il se rapproche des langues de la Grèce et de l'Inde. Son dictionnaire est si riche, qu'il s'est intitulé l'Océan, et Dieu qui s'est servi de l'hébreu pour faire sortir le monde du néant, parlera l'arabe au dernier jour pour appeler à lui les élus : « Apprends l'arabe, dit le Coran ; c'est la langue que le Seigneur parlera à ses élus, au dernier jour du jugement. » L'hébreu proprement d i t , renferme en outre le phénicien et le punique ou la langue de Carthage. L'hébreu peut être envisagé, dit un philologue distingué de nos jours, comme l'expression commune du génie de la race sémitique à son premier âge. Il est. parmi les idiomes de celte famille , ce qu'est le sanscrit dans la race indo-européenne, le type le plus pur, le plus complet de la famille, l'idiome qui renferme la clé de tous les autres, l'idiome des origines, le dépositaire des traditions historiques et religieuses de la race et même du genre humain tout entier. Ce sont ces pages sacrées, commencées sous le doigt de Dieu au mont Sinaï, et terminées derrière le rocher du Golgotha, sous la main de saint Matthieu l'évangéliste , qui feront l'objet de ce cours et de nos études les plus consciencieuses. Il n'est donc pas sans intérêt pour nos lecteurs , d'exposer ici d'une manière générale les principaux caractères qui distin- guent cet idiome illustre et qui le séparent de la famille indo européenne. Les peuples ne laissent pas de monuments plus instructifs que leur langue, a dit un écrivain dont les lettres françaises pleurent la mort récente, M. Ozanam. Le vocabulaire d'une lan gue nous offre, en effet, tout le spectacle de la pensée d'un peuple. Les mots dont il se compose révèlent les idées dont se compose l'intelligence de ce peuple, et les expressions absentes accusent les connaissances qui lui ont manqué. La grammaire elle-même, ce code aux formes barbares. n'est autre chose que