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374                      DE L'INFINI.

plus haut des Cieux ! Et l'Infini n'étant pas, tout être se lût
anéanti, ou plutôt n'eût jamais été ; car telle est la raison du
néant. De là, le moindre être en Dieu est a son éternelle
Gloire. C'est pourquoi la moindre voix de l'humilité qui
prie éclate en lui comme si elle sortait de sa substance. 0
magnificence de l'Être ! Hors de lui, tout s'éloigne de l'amour
et se montre plus ou moins frappé de néant. Toute créature
témoigne ainsi de la Gloire de celui qui est ; toute dit le bon-
heur pour l'être que l'Infini ait triomphé. L'homme s'explique
par le fini, par l'orgueil; Dieu, par l'Infini, par l'absence de
l'orgueil : l'un, par le néant, l'autre, par l'amour éternel.
Gloire, gloire à Dieu au plus haut des Cieux !
   Sans l'amour Dieu ne serait point. A plus forte raison,
sans l'amour Dieu ne créerait point. S'il existe une création,
elle est le fait même de l'amour. Car la création n'est point
le fait par excellence de la Sagesse ou de la Puissance, puis-
que l'existence de Dieu dépasse d'une manière infinie la
merveille de l'existence du monde. Dieu créa l'univers d'un
acte de volonté ; tout le travail vient du côté de son amour.
Au fond de la métaphysique, on est donc loin de rencontrer,
comme dernière raison des choses, ce principe du Fatalisme
que crurent y découvrir tant de faibles esprits. D'ailleurs ,
tout être ne se peut expliquer que par les lois de l'Être, par
les conditions mêmes de l'Infini.
   Dieu, donc, par son amour a voulu que des êtres autres
que lui-même pussent participer a sa félicité. Comment ces
êtres jouiraient-ils de la vie de Dieu, s'ils n'étaient de sa
nature, s'ils n'avaient part à ses perfections, si l'amour
n'était leur essence et leur loi? Et comment Dieu lui-même
pourrait-il aimer ces êtres s'ils ne lui rappelaient le triom-
phe de l'Infini, s'il ne revoyait en eux une image de l'éter-
nelle gloire, de l'éternelle sainteté ? Dieu se plait avec nous
parce qu'il retrouve en nos âmes les reflets de l'Infini. Quelle