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LE DOCTEUR JEAN FAUST. 271 leur monture diminuer de volume entre leurs jambes. Elles s'évanouirent bientôt dans l'eau , laissant après elles à la surface comme un léger brouillard. Ces chevaux étaient des chevaux fantômes. Et leurs épées, ces belles épées , capables en apparence de pourfendre le rocher, quand les infortunés eurent à grand peine atteint à la nage les bords opposés de la rivière, ces belles épées n'étaient plus que des baguettes de bois verl fraîchemenl coupées par les esprits aux arbres de la îorèl. Ce qui prouve que les présents du démon ou des sorciers sont à craindre pour le moins autant que ceux des perfides enfants de Danaûs. IV. OU FAUST SE PERMET D ' A V A L E R ENTRE SES REPAS UNE CHARGE DE FOIN AVEC LA CHARRETTE ET LES CHEVAUX. Faust n'avait pas d'ambition , et vraiment , c'est pitié de Je voir user si niaisement des privilèges de son pacte. La bonne chère et le plaisir , voila son seul but. Le reste du temps, il employait son pouvoir à produire les illusions les plus gro- tesques. Un soir, après avoir, en compagnie de plusieurs étudiants, soupe un peu plus abondamment que la raison ne l'eût permis, il se promenait avec eux hors des murs de la ville , la tête échauffée et le pas incertain. Une charrette de foin, tirée par deux chevaux, rentrait en ville et tenait à peu près toute la longueur de la route. Faust ne jugeant point à propos de se détourner de la ligne droite qu'il suivait avec loule la peine d'un homme dont le cerveau est agréablement troublé par les fumées du vin , cria au charretier de se ranger de côté pour le laisser passer ; le charretier ne tint nul compte de celle injonction.