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18 DISCOURS DE M. D'AIGUEPEBSE. môme éclat. La statue équestre de Marc-Aurèle, que Michel- Ange ne se lassait pas d'admirer, est un des morceaux les plus remarquables de cette époque, mais surtout l'un des plus rares que l'antiquité nous ait laissés. C'est presque la seule statue en bronze qui, a Rome, ait échappé a la cupidité des Barbares et des différents pouvoirs qui s'y succédèrent jus- qu'au moment ou le zèle éclairé de quelques papes s'occupa de sauver ces nobles débris. Septime Sévère fut le dernier des Empereurs qu'on puisse citer pour le nombre et le goût des monuments élevés sous son règne. Il en couvrit surtout l'Afrique, sa patrie, où le voyageur les retrouve encore aujourd'hui au milieu du désert. Après lui, la décadence se fait déjà sentir. Presque imper- ceptible d'abord, elle marche ensuite avec rapidité. Rome eut encore pour Empereurs de grands guerriers, tels que Claude le Gothique, Aurélien, Probus et Constantin ; mais leurs vic- toires n'arrêtèrent point l'invasion de la barbarie dans les sciences et les arts. Rien ne peut mieux qu'un cabinet de médailles nous repré- senter les différentes phases que les arts ont parcourues. Depuis Auguste jusqu'aux Antonins, on y retrouve toute la pureté de goût et de dessin que les Grecs avaient su donner à leurs monnaies, comme à leurs statues et à leurs bas-re- liefs. Mais ensuite, cette pureté s'altère graduellement et finit' par disparaître sous Constantin et ses successeurs. On dirait, à voir les monnaies de leur temps, qu'elles appartiennent à un peuple barbare. Comment, avec les modèles admirables qu'on avait sous les yeux, avait-on pu tomber si bas? On sentait si bien cette profonde dégradation que, lorsque le sénat voulut élever un arc de triomphe à Constantin, il ne trouva rien de mieux pour l'orner, que de dépouiller celui de Trajan de ses bas-reliefs. On eut même la maladresse de