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206                LE RAJEUNISSEMENT DE LYON.

  Le monarque de bronze en paraît étonné.
  Successeurs des tilleuls,, ces marronniers arbustes
  Dans soixante ans à peine auront des troncs robustes,
  Et l'enfant qui folâtre à leurs pieds aujourd'hui,
  Pour marcher sous leur ombre aura besoin d'appui.
  Que ne fait-on ici jaillir une eau limpide?
  Que ne gazonne-t-on ce terrain sec, aride,
  Et n'y rétablit-on ces deux Fleuves d'airain
  Que des frères Coustou fit respirer la main?
  La place qu'à Paris on dit de la Concorde,
  A l'autre capitale il convient qu'on l'accorde,
  Afin que l'étranger, de ses charmes épris,
  Pense, en la visitant, être encore à Paris,
  Et dans notre cité, qu'à présent il traverse,
  Fasse un plus long séjour profitable au commerce.

  Si Plancus renaissait, à l'aspect de Lyon
  Quelle ne serait pas son admiration !
  Le cherchant seulement sur la vieille montagne,
  Mais le voyant s'étendre au loin dans la campagne :
  « Voilà donc, dirait-il, la ville que mes mains
  Fondèrent pour loger quelques bannis romains !
  Quelle métamorphose en elle s'est produite !
  Elle est grande aujourd'hui, je la fis si petite
  Qu'à peine elle couvrait le sommet du coteau.
  Je suis fier d'un enfant dont le sort fut si beau !
  Achève tes destins, ô ma cité chérie !
  Asile des talents, reine de l'industrie,
  Tu sais, dans les tissus, unir la soie et l'or;
  Vers les arts de l'esprit tu prends un noble essor ;
  Qu'entre tes murs et toi n'existe aucun contraste,
  Rends-les aussi pompeux que ton génie est vaste,
  Et que ton peuple dise, en s'enorgueillissant :
   Rome dure toujours, mais Lyon va croissant. »

                                Ed.   SERY.\N DE SUGNÃ.