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BIBLIOGRAPHIE. 197 Signalons aujourd'hui , comme enfanté dans ce mouvement littéraire, le livre, ou plutôt l'opuscule que nous avons cité. Devant un ouvrage anonyme, on juge, au premier abord, la critique facile, par la raison qu'elle s'adresse à une âme sans corps, à un auteur sans nom, qu'on se détrompe ; la tâche en devient plus ardue, plus délicate, car la critique n'est pas ab- solue et se modifie suivant l'individualité, la personnalité réelle de l'écrivain ; à son tribunal, en effet, telle œuvre venue d'un ouvrier trouvera grâce, qui, venue d'un lettré, sera jugée très- sévèrement. C'est la stricte et légitime application de la règle : à chacun selon sa mesure. Ceci revient à dire que si la Poésie des chemins de fer est vraiment fille d'un chauffeur, mais d'un chauffeur en chair et en os, c'est une œuvre presque remarquable, mais si, comme nous avons tout lieu de le croire, d'après des indices presque certains, elle émane d'un auteur placé, par ses études, au dessus du niveau de l'éducation primaire, et qui a poussé trop loin la fantaisie en se parant d'un titre emprunté, cette œuvre, dis-je, est très-imparfaite. Et, cependant, avouons que cet opuscule est né d'une pensée féconde ; il provient de cette filiation d'idées élevées qui, chaque jour, gagne son droit de bourgeoisie dans les masses, et qui pousse la poésie à délaisser le terrain trop maigre des fictions et de la rêverie pure, pour fouiller les entrailles de l'humanité, et s'attaquer de front au réel. Oui, l'auteur est prêtre, ou plutôt, lévite de cette nouvelle religion poétique, et je n'en veux pour témoin que l'heureuse épigraphe qu'il a inscrite sur son frontis- pice : « il y a mille fois plus de poésie dans la réalité que dans « la fable. » (Arago). Dans plusieurs morceaux de vers et de prose, l'auteur développe avec assez de verve l'élément poétique de la vapeur et des chemins de fer. Mais en le louant sans réserve sur ce point, je dois convenir qu'il ne s'est peut-être pas élevé à la hauteur de la mission qu'il s'est proposée. Loin de là , je vois dans ses pages la pué- rilité coudoyer souvent l'inexpérience, et j'y surprends, çà et là , des fautes de pensée, de style, de quantité et même de grain-