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TROIS MOIS AU-DELA DES ALPES. 189
rencontre est celui de Cecilia Metella. Cette noble romaine,
dont les voluptueuses prodigalités ont été burinées par l'his-
toire, apprit a Cléopâtre le procédé de dissoudre des perle»
sans prix dans une coupe de vinaigre. Avant que la famille
des Caëtani l'eût dépouillé de tous ses ornements et en eût
fait un château fort, ce mausolée avait la forme d'une tour
en travertin de 35 pieds d'épaisseur, dont le sommet était
couronné de colonnes soutenant une coupole sur laquelle
trônait Cecilia Metella. Beaucoup plus loin, mais dans un plus
mauvais état de conservation, se trouve le mausolée de Sé-
nèque ; il l'avait fait construire sur le bord de la roule et sur
le terrain même de sa villa, afin de rappeler aux générations
futures que l'idée de la mort n'a rien de bien redoutable
quand elle est le couronnement d'une vie pleine de courage et
de vertus.
Cette journée devait être empreinte dans notre mémoire
du sceau d'une profonde mélancolie. Avant de rentrer dans
Rome, nous visitâmes, à la lueur des torches, les colombarium
ou lieux de sépulture des grandes familles romaines. L'un
d'eux contient les cendres de tous les Scipion, excepté celles
de l'Africain, qui avait dit en s'exilant : « Ingrate patrie, tu
n'auras pas mes os. » Le colombarium n'est autre chose
qu'une salle souterraine, percée de haut en bas et transver-
salement de petites niches assez semblables à l'ouverture des
abreuvoirs des pigeons ; de là ce terme de colombarium, co-
lombier. Les cendres des morts sont déposées dans une ex-
cavation pratiquée sur la base de chacune de ces niches , et
que l'on recouvrait tantôt d'une urne funéraire, d'un Iacryma-
toire ou du buste du mort. Une courte inscription indiquait
son nom, celui de sa famille et ses hauts faits, s'il y avait lieu.
En voici une entre mille et très-caractéristique ; « Cornélius
Scipion Barbatus, né d'un père vaillant, homme courageux
et prudent, dont la beauté égalait la vertu ; il a été parmi