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                     DE SAINT-MARTIN JU'AINAY.                    JÔ5

 Christ, le Christ docteur-, il enseigne, c'est le Verbe, la parole
 éternelle, la lumière qui illumine tout homme venant en ee
 monde ; d'une main il perte le globe de la terre, de l'autre il
 bénit avec le geste traditionnel. Chose remarquable, cette figure
 n'est pas gigantesque, comme certaines représentations déme-
 surées du Christ, que l'on voit dans quelques basiliques, entre au-
 tres à Sienne et à Pise, et cependant elle fait presque autant
 d'effet. En donnant à cette figure une dimension plus grande
 qu'aux autres, l'artiste a voulu, par la grandeur matérielle, ex-
 primer la grandeur morale. Nous, qui avons assisté à ses efforts
 pour dire, à l'aide de quelques centimètres de plus, cette gran-
 deur qui surpasse toute grandeur, et pour lutter avantageusement
 avec les inconvénients résultant de la courbure de l'abside, nous
pouvons lui dire : vous avez pleinement réussi. Evidemment
cette figure n'est pas démesurée pour les autres ; plus grande,
elle ne s'accorderait plus avec elles, et produirait par l'inclinaison
de la voûte, un effet désagréable ; mais, dans cette proportion, elle
relie toute la composition; elle appelle le regard, elle frappe,
elle saisit, elle impose. Tant d'autorité, tant de puissance doc-
trinale ne sauraient se rencontrer dans un personnage mortel :
 Oui, vous êtes le Christ, le fils du Dieu vivant.
    La figure de la Vierge est élégante, et n'a aucune vulgarité
dans les lignes : elle regarde le Christ avec un léger mouvement
de tête qui indique l'attraction irrésistible qui l'entraîne vers lui.
Une draperie, qui forme des plis simples et fins, l'enveloppe en
rétrécissant la partie inférieure de la figure, ce qui nous paraît
une beauté particulière aux statues grecques drapées. Son voile,
qui retombe jusqu'à terre, enrichit le volume de la figure, qui,
sans cela, nous aurait paru n'avoir pas assez d'importance. Elle
présente au Christ l'esclave Blandine : Blandine, une des pre-
mières chrétiennes qui ont imité Marie dans sa virginité : là,
l'esclave est avant la reine. Cette intention est profonde et ren-
ferme une grande leçon évangélique. C'est, sans doute, à cause
de cette conformité morale dans une même prérogative, que
M. Flandrin a conservé à la Mère de Dieu un air de jeunesse et
de candeur en harmonie avec celui de cette vierge qu'elle pré