Revue du Lyonnais » série 2 - n°12 ( 1856 ) » pp.114

1 14                  LE VEAU D'OR.
  D'autre part, l'océan balloté par l'orage
  Déposait chaque jour son épave au rivage.
  C'était comme à présent, ; avides de jouir
  Les nouveaux enrichis n'avaient plus qu'un désir :
  Il fallait étaler le luxe sans limite,
  Ce luxe vaniteux qui conduit à sa suite
  L'égoïsme sans cœur et l'immoralité.
  On ridiculisait l'austère probité,
  Et, par l'appas grossier d'un chanceux bénéfice,
  On tondait à coup sûr le mouton sans malice.
  Ainsi, Messieurs, bien loin de marcher en avant,
  Du dix-huitième siècle on sent souffler le vent.
  Combien vous méritez, endurcis rétrogrades,
  Les éclats redoublés de mes justes boutades !
  La Providence, hélas ! vous a pourtant laissé
  La frappante leçon d'un terrible passé,
  Et récemment encor un affreux précipice
  Montrait à vos regards son béant orifice.
  Nos pères, dans l'erreur, croyaient aussi courir,
  De progrès en progrès, vers un bel avenir;
  Mais le règne sans frein de la vile matière
  Les conduisit un jour au sanglant Robespierre.

                              Paul   SAINT-OLIVE.