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112 LE VEAU D'OR. Us seront façonnés aux lois de l'élégance : Plus tard on les verra jouer le lansqiienet, Dans les salons dorés d'un riche estaminet, Ou Tenir demander leur dernière ressource Au vol autorisé du tripot de la Bourse (1), Et qu'aurez vous à dire, imprévoyants mentors ? Il n'est plus temps d'avoir d'inutiles remords : Sur la rive escarpée, une pente rapide De degrés en degrés aboutit au suicide, Ou, par d'affreux détours, conduit dans les sentiers Que fréquentent nombreux les maîtres flibustiers. l e demi-monde au moins, sous des roses factices, Aux yeux adolescents ne cache pas ses vices ; Ses femmes ont pour cœur un solide estomac, S'enivrent de Champagne et fument du tabac. Le péril est flagrant : le jeune homme candide Reculera d'horreur devant l'odeur fétide ; Il s'attend à coup sûr à tenir en échec, A la table de jeu, le voleur et le grec. Hélas ! de plus en plus, dans vos modes futures. Du quartier de Bréda vous prendrez les allures, Et, Mesdames, bientôt esclaves du bon ton Vous toucherez sans peur la carte et le jeton. On prétend que déjà des femmes du grand monde, Au milieu des brouillards d'une vapeur immonde, Fument après dîner la feuille de Nicot, Ainsi que la lorette en son hideux tripot. Je n'ai jamais compris le charme d'une Hélène, Exhalant de sa bouche une puante haleine, Et si j'avais encore à jouer mon va-tout, La Vénus au tabac serait peu de mon goût. La femme qui surtout m'inocule la grippe, N'est pourtant pas encor celle qui sent la pipe ; (1) Dettes de jeu, non reconnues par la loi.