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110                   LE VEAU D'OR.
 Non ; mais une beauté dont la toilette est chère,
 Qui s'abreuve de vin, qui fait très-bonne chère,
 Et va souvent le soir danser à l'Aîcazar,
 Frelatant des appas mis en vente au bazar.
 Ils sont cotés très-haut, et le brillant jeune homme
 Présente à la déesse une coûteuse pomme ;
 Il faut, pour lui complaire, un luxe extravagant,
 Bals, repas somptueux, équipage élégant;
 Il faut, pour contenter tous les goûts de la belle,
 Des chevaux fins, pur sang, de voiture et de selle ;
 Il faut des diamants, des rubis, des onix,
 Et des damas de soie exposés chez Marix.
 Un jour le brave père, étonné du miracle,
 De son illustre fils apprendra la débâcle.
 Il avait cependant dressé son écolier
 A marcher sans encombre au milieu du sentier,
 Et môme son orgueil était bien légitime,
 En l'entendant nommer le héros de la prime.
 Dans les salons bon genre, où règne l'écarté,
 On dira simplement : « Il est exécuté ;
 Il vivait noblement et c'est vraiment dommage
 Qu'il soit forcé de vendre un si bel équipage. »

  Peut-être autour de moi les beaux fils en rumeur,
  Diront en ricanant : « C'est un vieux radoteur. »
  Oui, je connais fort bien votre vocabulaire,
  Et moi-même une fois, témoin auriculaire,
  Je me suis entendu traiter, avec esprit,
  De momie égyptienne ou de vieux décrépit.
  Je vieillis en effet, et j'en conviens sans honte ;
  Si vous le désirez, je produirai mon compte :
  C'est chose toute simple, et vous même bientôt,
  Au port de l'âge mur, acquitterez l'impôt.
  A cinquante-six ans, je franchis sans faiblesse,
  Soumis aux lois de Dieu, le seuil de la vieillesse ;
  Mais l'amour de l'étude, admirable enchanteur,