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456 Mais la Russie dévore la population allemande des pro- vinces qu'elle a englobées, et son despotisme ne peut rien offrir en dédommagement de la perte des droits particu- liers. Y a-l-il un temps de prescription pour la conquête ? après combien de siècles peut-on dire qu'une province est définitivement acquise au territoire d'une race voisine ? à quels caractères reconnaîl-on que l'assimilation des po- pulations est parfaite ? ces caractères sont-ils fournis par le physique, par les mœurs, par la langue, par la littéra- ture, ou bien par les intérêts commerciaux et politiques? y a-t-il enfin un moment où l'on peut effacer complète- ment les limites naturelles ? Ces questions du domaine de la haute politique, ne peuvent être disculées ici. Que l'on puisse fixer ou non un terme après lequel la prescription est reconnue, il n'en est pas moins vrai qu'il y a de ces contrées dont les limites naturelles sont faiblemen t tracées, qui, depuis le commencement des temps histori- ques ont été alternativement conquises par l'une et l'autre race. Lorsque celles qui s'en disputent la possession, recon- naissent une origine en partie commune et peuvent par conséquent contracter une alliance durable, je dis que l'existence de telles contrées indéterminées et de transition présente les plus grands avantages au développement de la civilisation. Les populations qui les habitent deviennent les interprètes des deux races, elles sont les truchemans de leurs pensées, de leurs sentiments, de leurs besoins, de leurs intérêts, de leurs littératures. Elles garantissent par cela même aux deux nations l'intégrité de leur indépendance, et la conservation pure de leur nationalité. Au contraire, lorsque les frottements de deux nationalités sont immédiats, l'une sera le plus souvent modifiée, altérée et même dé- truite par l'autre.