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    Cette inscription présente des fautes nombreuses et grossières,
qui peuvent la faire attribuer à une époque de décadence : le nom
même du défunt y est écrit incorrectement, ÀLEXSADER. Peut-
être faut-il mettre do ce nombre les expressions ARTIS YITRIAE
et supposer que ce dernier mot devrait être VITRARIAE, lequel,
grammaticalement parlant, paraît plus rationnellement formé. Il est
vrai qu'on ne le trouve ailleurs pas plus que le premier dans un sens
adjectif; mais du moins nous le voyons employé substantivement
pour désigner celui qui fabriquait le verre, dans ce passage de Sé-
nèque, le seul, je pense, où on le rencontre, et qui offre quelque
intérêt, parce qu'il constate le procédé de souffler le verre, comme
le font les modernes : Cuperem Posidonio aliquem vitrarium (1)
ostendere, qui spiritu vitrum in habitus plurimos format, qui vix
diligentia manuum effingerentur (2).
    Notre monument n'a point échappé à M. Raoul-Rochette, qui l'a
 trouvé dans plusieurs recueils (3). Ce savant pense que la dénomi-
nation d'OPIFEX ARTIS YITRIAE équivaut à colle de Ycàoipyoç
Tcd*o-)iï.vfoç qu'il croit devoir lire dans un passage vraisemblablement
 fautif d'un ancien scholiaste de Lucien, et il range ainsi Julius
 Alexander dans la classe des artistes qui exécutaient en pâtes de
 verre ces imitations de pierres gravées, objets de peu de valeur
 sans doute à l'époque où ils furent fabriqués en si grand nombre,
 mais qui pour nous ont presque le prix des véritables gemmes, à
 côté desquelles ils figurent dans les collections modernes (4).
    Du moins, si l'on n'osait spécifier d'une manière aussi précise le
 genre de travail de cet habitant de Lugdunum, je crois qu'on n'au-
 rait guère à craindre de trop s'aventurer, en lui accordant le titre
 honorable d'artiste, quoique l'épitaphe inscrite sur sa tombe par sa
 nombreuse famille ne lui ait donné que le titre plus modeste d'OPI-

   (1) D'autres iisent vitrearium, ou vitriarium.
  (2) Epist. XC.
  (3) Donati, Ad. Nov^ thés. Mwator. Supplem. lom. II, 535, 2. —Millin,
Voyage dans les départ, du Midi, tom, I, p. 508. — Orelli, Inscript, lat. sel.,
lom. II.. p. 265, n°4299.
  (4) Lettre à M. Sehorn, p. 57. '