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323 D'autres, rêveurs déjà , couchés près des fontaines Ecoutaient l'onde fuir dans les roseaux mouvants; Leurs yeux suivaient le flot des ombres incertaines ; Leurs âmes s'enivraient des musiques lointaines Que font les feuilles et les vents. Les grands et les hardis montaient dans le branchage Du loriot chanteur surprendre le ménage: La pauvre mère en vain, par ses cris, par ses pleurs, Essayait d'arracher sa couvée aux voleurs. Fraîche était la forêt, fraîche la matinée : Les jeux se succédaient sans relâche et sans fin, Sur l'aile du plaisir prompte fuit la journée ; Or, bientôt approchait l'heure de la dînêe ; Devant elle arrivait la faim. Alors on se souvint qu'on était loin du gîte ; On se dit qu'il fallait le gagner au plus vite; Et soudain on se mit en devoir d'arriver : Le chemin n'était pas facile à retrouver. On hésite; on a peur; on se consulte; on doute.... Le temps court; les petits pleurent; il faut finir: Mais l'on regarde en vain; mais en vain l'on écoute.... Nul indice, nul bruit ne décèle la route : Aucun n'en a de souvenir. Dans les sentiers battus au hasard l'on avance : Les chansons ont cessé ; l'on chemine en silence, A chaque objet nouveau ils sont tout effarés ; Et l'on se dit enfin : « Nous sommes égarés. »