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D'autres, rêveurs déjà, couchés près des fontaines
Ecoutaient l'onde fuir dans les roseaux mouvants;
Leurs yeux suivaient le flot des ombres incertaines ;
Leurs âmes s'enivraient des musiques lointaines
     Que font les feuilles et les vents.

Les grands et les hardis montaient dans le branchage
Du loriot chanteur surprendre le ménage:
La pauvre mère en vain, par ses cris, par ses pleurs,
Essayait d'arracher sa couvée aux voleurs.

Fraîche était la forêt, fraîche la matinée :
Les jeux se succédaient sans relâche et sans fin,
Sur l'aile du plaisir prompte fuit la journée ;
Or, bientôt approchait l'heure de la dînêe ;
     Devant elle arrivait la faim.

Alors on se souvint qu'on était loin du gîte ;
On se dit qu'il fallait le gagner au plus vite;
Et soudain on se mit en devoir d'arriver :
Le chemin n'était pas facile à retrouver.

On hésite; on a peur; on se consulte; on doute....
Le temps court; les petits pleurent; il faut finir:
Mais l'on regarde en vain; mais en vain l'on écoute....
Nul indice, nul bruit ne décèle la route :
     Aucun n'en a de souvenir.

Dans les sentiers battus au hasard l'on avance :
Les chansons ont cessé ; l'on chemine en silence,
A chaque objet nouveau ils sont tout effarés ;
Et l'on se dit enfin : « Nous sommes égarés. »