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430 clairvoyance du sens logique, h introduire l'hésitation et l'erreur dans le jugement, à rendre impossible toute dis- tinction réelle et profonde de la nature des idées. Ce n'est pas tout: l'interprétation usuelle de ces codes, tiendra plus de place dans les réflexions de l'avocat que leur signification positive ; il la poursuivra à travers la mul- tiplicité des doctrines et le dédale des commentaires ; alors lui apparaîtront les systèmes les plus contradictoires soutenus par des autorités également nombreuses, également affir- matives. S'il s'en réfère pour le choix d'une opinion aux interprêtes officiels des lois, si pour mettre quelque fixité dans ses idées, il interroge les arrêts des cours souveraines, il y verra les mêmes dissidences et flottera dans la même incertitude ; que dis-je, il y trouvera par fois le triste exemple de la versatilité du raisonnement et du désaccord avec soi- même. Â celui qui respire dans cet atmosphère de doute, à travers la confusion des accidents et des principes, en l'absence de tout critérium et de toute méthode, quelle robuste in- telligence ne faudra-t-il pas pour contracter ou même pour conserver de saines habitudes philosophiques ? Mais cette étude de la jurisprudence que la raison nous montre si difficile à traverser sans faire fausse route, c'est pourtant le travail le moins périlleux de l'avocat. D'autres préoccupations vont absorber son temps et son esprit, l'ins- truction théorique en cède bientôt la plus grande part â la pratique des affaires, à la discussion des intérêts, à la plaidoirie. Les textes de lois et leurs interprétations doctri- nales et judiciaires, quelque soit leur mérite philosophique, offrent au moins cet avantage de valoir comme faits d'une science, de fournir à l'esprit des données réelles et positives qu'il peut approfondir sans parti pris, avec l'amour désin- téressé du vrai, sans y chercher rien de plus ni rien de