Revue du Lyonnais » série 1 - n°12 ( 1840 ) » pp.374

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importance pour qu'elles pussent éprouver la moindre hésita-
tion à y consentir.
   Il resterait donc seulement l'Angleterre qui, selon son habi-
tude, lutterait par tous les moyens, loyaux ou non, contre un
pacte défavorable à ses intérêts. Mais la partie opposée serait
trop forte et trop puissante pour que le léopard osât jouer des
griffes. Les négociations hypocrites ou les concessions dé-
sespérées seraient inutiles ; car, dans aucun cas, ces con-
cessions ne pourraient être plus avantageuses que celles con-
senties par la France. L'alliance de la France serait d'ailleurs
préférée, sans doute, car elle serait plus désintéressée^ plus
loyale , et son opposition pourrait être plus efficace et plus
 à craindre.
   L'Angleterre, en effet, accablée sous le poids d'une dette
énorme , menacée d'une banqueroute , obligée plusieurs fois
 déjà de donner un cours forcé à son papier-monnaie, l'Angle-
 terre menacée à l'intérieur par l'Irlande indignement oppri-
 mée , par la masse de la nation qui réclame contre d'injustes
 privilèges et contre des monopoles déplorables , menacée à
l'extérieur dans sa prospérité commerciale par le développe-
 ment et les progrès industriels des nations rivales, dans ses
 possessions d'outre-mer par le mécontentement de ses vas-
 saux et par la jalousie de ses voisins, l'Anglelerrre est com-
 me un vieillard énervé qui voudrait en vain renouveîler les
 prouesses de son jeune âge. La force des choses paralyse des
 efforts que ne seconde plus une organisation vigoureuse. L'a-
 tonie a remplacé la force. La main dont les coups étaient re-
 doutables peut se lever à peine pour faire une menace qu'elle
 serait impuissante à réaliser.
    Toutes les probabilités se réunissent donc pour donner lieu
 de penser qu'un traité conclu entre la France et la Russie sur
 les bases indiquées aurait un succès assuré. Cependant s'il en
 devait être autrement, si, par quelque complication imprévue,
 la France se trouvait forcée de s'opposer seule à un arrange-
  ment nuisible à ses intérêts , devrait-elle engager la lutte et