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ISO l'eau par des machines. Pendant toutes ces incertitudes, la population presqu'entière est réduite à puiser dans les puits l'eau des rivières qui n'y filtre qu'après s'être mélangée à une humidité boueuse qui pénètre dans la terre par dessous le pavé, et aux suintements des fosses d'aisance qui donnent à la plupart des eaux de Lyon un goût et une odeur si fade et si désagréable, dont on s'aperçoit surtout après les grandes crues. 11 n'existe que peu de fontaines d'où s'échappent cons- tamment les eaux du Rhône amenées dans le bassin du Jar- din-des-Plantes; ces eaux, en été, sont tiédes, et tiennent toujours en suspension du limon , et en outre, elles se res- sentent déjà des défauts des eaux de puits ; car la machine, placée sur le bord du fleuve, au quai Saint-Clair, puise une eau mélangée à celle en putréfaction des égoûts des rues et aux matières des fosses d'aisance du faubourg de Bresse dont plusieurs ont leur débouché dans le fleuve. Faisons donc tous nos efforts pour ne pas perdre un temps trop précieux à la santé publique, à la propreté et à l'embel- lissement de la ville; et, si mes observations relatives aux aqueducs antiques pouvaient un peu contribuer à stimuler l'opinion publique sur la question d'amener promptement et en quantité, des eaux pures à Lyon, je serais heureux que mon travail ait contribué à produire un résultat aussi utile. J'ai dit ce que je savais sur la construction des aqueducs, mais mon analyse est bien froide vis-à -vis de ces ruines pitto- resques couvertes de lierre et de vignes sauvages, dorées par la mousse et par le temps. Dans le fond des vallées, des ponts remarquables parleurs proportions grandioses, et recouverts de parements ressemblant plus à de la mosaïque ou à de la marquetterie qu'à un assemblage de briques et de pierres, s'harmonisent admirablement avec ces sites animés par le murmure des eaux ; sur les montagnes, de longues files d'ar- cades sveltes, se dessinent en silhouettes ravissantes sur la