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435 Ces jugements sévères revêtus des formes arides de la dis- sertation, je n'oserais pas vous les offrir, MM. , si je ne vous connaissais assez pour savoir que toute parole grave et qui veut être utile peut compter sur votre attention, fût- elle aussi dépouillée que la mienne d« tous les prestiges de l'art oratoire. Une étude sur ^intelligence de l'avocat serait-elle complè- te, si après avoir examiné en lui les méthodes de l'esprit, nous ne disions rien des manifestations du sentiment, si après le raisonnement qui combine et multiplie les formules, nous passions sous silence l'inspiration qui engendre les pensées, l'enthousiasme qui les fait éclore ? Qu'arrivera-t-il chez l'homme que nous étudions, de ces nobles facultés qui sont la vie même de l'ame dans ce qu'elle a de plus divin ? Une inspiration vraie, un sincère enthou- siasme sont-ils compatibles avec le scepticisme et l'indiffé- rence philosophique ? sont-ils compatibles même avec une fausse logique, avec les habitudes vicieuses de la raison ? Aurai-je besoin de vous prouver que le doute ne peut s'in- troduire dans l'ame sans la priver de sa chaleur, et que le scepticisme du cœur est la conséquence fatale du manque de convictions profondes et légitimes. Il vous sera moins évi- dent peut-être que la faiblesse logique s'oppose à l'inspira- tion , parce qu'elle n'exclut ni la véhémence ni l'éclat des paroles, ces trompeuses apparences d'imagination et d'en- thousiasme. Je sais que, dans l'opinion du monde, ces deux grandes puissances de l'ame passent presque pour incon- ciliables avec la solide rectitude du raisonnement ; vous en- tendez tous les jours ce non sens philosophique, que les hommes d'imagination ont peu de jugement, et moi je dis, MM. , que ce sont les hommes de peu de jugement, ceus