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Ml lancer, la moindre analogie avec le mot convenable suffit au mot qui se présente pour se faire accepter. 11 faudrait pour échapper à ces dangers de l'improvisation un esprit bien for- tement nourri de connaissances littéraires. Mais quand ces dangers s'accroissent de l'abandon complet de toute étude des lettres, on perd d'abord le sentiment de la finesse des nuan- ces dans l'expression, on arrive à oublier la valeur exacte des termes, et à braver les exigences les plus impérieuses de la langue. C'est là , messieurs, un mal d'une haute gravité, au- jourd'hui surtout que la parole de l'avocat a tant d'influence et de retentissement. L'altération de la langue est un fâcheux symptôme chez les peuples; faut-il que les hommes qui sem- blent les représentants nés de l'éloquence, ceux dont la pro- fession est considérée comme littéraire entre toutes, contri- buent à amener ce déplorable résultat de la confusion des idées et de l'anarchie des croyances. J'ai achevé ce tableau des habitudes intellectuelles que peut faire naître l'exercice de notre profession, je l'ai tracé avec une franchise qui a sa source dans mon attachement même à l'ordre auquel j'ai l'honneur d'appartenir, et dans mon désir ardent de voir s'accroître encore l'éclat dont il brille. Sans doute il y a de la témérité à moi, jeune et un des moindres par les lumières et l'expérience, de m'ériger ainsi en conseil, mais cette témérité me sera facilement pardonnée en faveur de l'intention d'être utile; nous tous qui faisons ici l'appren- tissage des nobles travaux de l'avocat, nous devons nous aider mutuellement à éviter des dangers réels, dangers d'autant plus redoutables qu'une réflexion attentive peut seule nous les révéler, et qu'en jettant nos regards sur les hommes qui nous ont précédé dans la carrière, nous y voyons de glorieux démentis donnés à toutes mes craintes, à tous mes jugements. La seconde partie de ma tâche ne sera pas longue ; je