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 dont les méthodes logiques sont vicieuses qui n'eurent jamais
 une imagination de bon aloi -, je dis que la véritable imagi-
 nation suppose la logique la plus exquise, et que si les pro-
 cédés supérieurs qu'elle emploie ont échappé jusqu'ici à l'ana-
 lyse, à cause môme de leur élévation, ils n'en renferment pas
 moins, en les surpassant toutes, les méthodes de la logique
 du raisonnement. A celui donc en qui le raisonnement sera
 vicié, pas plus qu'à l'esprit sceptique, jamais ne sera accordée
 la grande logique de l'imagination et de l'enthousiasme !
    Quel enthousiasme serait possible à l'homme qui n'élève-
rait jamais ses regards jusqu'aux idées générales, éternelles,
jusqu'aux vérités absolues, seul foyer de fécondité et de cha-
leur, et qui livrerait toute son intelligence au conflit des opi-
nions variables, à la mobilité incessante des choses relatives,
à la stérile multiplication des petites idées ! Comment attein-
drait-il cet état supérieur del'ame, où les conceptions jaillis-
sent comme l'eau vive sous le doigt de Dieu ! Enfin, quelle
inspiration réelle dans la parole, quelle puissance saisissante
et vraie dans l'expression resterait-il à celui , qui dépense-
rait par habitude tout le feu de son esprit dans les discussions
les plus mesquines , les plus incapables d'émouvoir sin-
cèrement, qui emploirait à tout propos les formes de la con-
viction ou du sentiment, qui s'en servirait souvent pour se
faire illusion à lui-même sur son peu de croyance, qui aurait
contracté la faculté déplorable de s'attendrira volonté* et qui
plus d'une fois peut-être aurait profané la sainte éloquence
des larmes !
   N'arrivera-t-il pas qu'à travers sa parole toutes les idées
paraîtront réduites à des proportions égales, que tous les in-
térêts sembleront pareillement sacrés ; et les théories politi-
ques, les destinées nationales débattues par sa bouche parle-
ront-elles un autre langage que les moindres subtilités judi-
ciaires, et les plus minces différents des particuliers?