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436 dont les méthodes logiques sont vicieuses qui n'eurent jamais une imagination de bon aloi -, je dis que la véritable imagi- nation suppose la logique la plus exquise, et que si les pro- cédés supérieurs qu'elle emploie ont échappé jusqu'ici à l'ana- lyse, à cause môme de leur élévation, ils n'en renferment pas moins, en les surpassant toutes, les méthodes de la logique du raisonnement. A celui donc en qui le raisonnement sera vicié, pas plus qu'à l'esprit sceptique, jamais ne sera accordée la grande logique de l'imagination et de l'enthousiasme ! Quel enthousiasme serait possible à l'homme qui n'élève- rait jamais ses regards jusqu'aux idées générales, éternelles, jusqu'aux vérités absolues, seul foyer de fécondité et de cha- leur, et qui livrerait toute son intelligence au conflit des opi- nions variables, à la mobilité incessante des choses relatives, à la stérile multiplication des petites idées ! Comment attein- drait-il cet état supérieur del'ame, où les conceptions jaillis- sent comme l'eau vive sous le doigt de Dieu ! Enfin, quelle inspiration réelle dans la parole, quelle puissance saisissante et vraie dans l'expression resterait-il à celui , qui dépense- rait par habitude tout le feu de son esprit dans les discussions les plus mesquines , les plus incapables d'émouvoir sin- cèrement, qui emploirait à tout propos les formes de la con- viction ou du sentiment, qui s'en servirait souvent pour se faire illusion à lui-même sur son peu de croyance, qui aurait contracté la faculté déplorable de s'attendrira volonté* et qui plus d'une fois peut-être aurait profané la sainte éloquence des larmes ! N'arrivera-t-il pas qu'à travers sa parole toutes les idées paraîtront réduites à des proportions égales, que tous les in- térêts sembleront pareillement sacrés ; et les théories politi- ques, les destinées nationales débattues par sa bouche parle- ront-elles un autre langage que les moindres subtilités judi- ciaires, et les plus minces différents des particuliers?