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411 Mais une fois que Mézeray a cessé de porter en quelque sorte le flambeau devant son disciple, la narration de celui-ci a semblé défaillir. Il avait recherché, sur des lettres de recom- mandation, l'amitié de cet habile historien, et, presque sans nul travail^ s'était enrichi de ses trésors laborieusement ac- quis. Il ne le niait pas, car il avait une candeur libérale et franche. Profondément versé dans la langue latine, il s'écarta bien rarement de sa pureté la plus intègre. En outre, il tra- duisit excellemment de l'italien en français les Sermons d'Oliva, préfet, -ou général, comme on dit,-de l'Ordre des Jésuites. Ce travail ne resta ni sans honneur, ni sans gloire, car chaque année depuis il rapporta au P. de Bussières deux cents livres de monnaie française, dont il pouvait user à son gré. L'auteur écrivit aussi des poèmes : l'un, sur la délivrance de l'île de Rhé; l'autre, sur Scanderbeg. Ce fut pour cause d'euphonie, comme il le disait, qu'il donna à Scanderberg le nom de Scanderbeg. Les Turcs appellent begce que les latins appellent seigneur. Il exerça encore son style en prose et en vers français^ mais tous les savants regardèrent comme le meilleur de ses ouvrages en ce genre celui qui a pour titre: Flosculi Hisloriarum, - petites fleurs d'histoires.-Jamais les anciens ne firent de pareilles transpositions dans des titres de livres, et à aucune époque les bons écrivains ne les goûtèrent. Il avait entrepris de reprendre l'histoire ecclésiastique au commencement de ce siècle, là où Sponde l'a laissée^ et de la continuer jusqu'à nos jours; mais, ployant sous un tel fardeau, il renonça à sa tâche, après l'avoir tentée plutôt qu'entre- prise véritablement. Il avait un esprit subtil, ingénieux, élé- gant; mais il était parfois morose et inquiet, ingrat envers ses amis et onéreux à lui-même. On pensait que cela venait de la migraine, car il souffrait presque continuellement de cette douleur. Ce fut à Lyon qu'il succomba, miné par les maladies plutôt que par les années; il avait prolongé sa vie jusqu'au mois d'octobre de l'année 1678. C'était à Lyon aussi qu'il était né, quoique, pour je ne sais quel motif, il eût l'habitude de