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377 dont ils ont appris à craindre le ressentiment et à respecter la volonté. Il est donc certain que la Confédération germanique ne pourrait échapper à la nécessité d'envoyer ses soldais dans les armées de la coalition nouvelle ; il est probable que l'Italie serait entraînée à prendre un parti semblable ; il est douteux que la Suède et le Danemark pussent éviter de participer acti- vement à ce conflit. C'est tout au plus si la France pourrait compter sur la neutralité réelle de la Suisse qui a pour princi- pe politique et pour intérêt même de rester en dehors des grandes querelles de l'Europe, et de l'Espagne que le soin de ses propres affaires préoccupe assez pour qu'elle soit forcée de s'abstenir de toute intervention dans les affaires des autres nations. Sauf ces deux exceptions , la France devrait résister à l'Europe année. Certes, une telle lutte serait dangereuse et difficile et l'on pourrait éprouver des doutes sur le sort réservé aux armes françaises, si les forces de ce pays et celles de ses ennemis étaient comparées au seul point de vue numérique. Heureuse- ment ce n'est pas ainsi qu'il faut apprécier la position réci- proque des deux partis. La force brutale est beaucoup sans doute pour le succès d'une guerre; mais le nombre des soldats et celui des canons ne sauraient donner une idée exacte delà valeur réelle d'une armée. Pour bien établir une telle estimation , il est utile de connaître quels sentiments animentles cœurs qui battent sous l'uniforme, quelle confiance unit les soldats à leurs chefs, quel dévouement les lie à leurs drapeaux , quelle harmonie règne entre les divers corps ; il est utile d'approfondir les motifs et le but de la guerre , les avantages espérés par chacune des parties belligérantes ; il est utile de se rendre compte de la position spéciale , des besoins, des intérêts, des idées même de chacun des peuples engagés dans la lutte; il est utile enfin de rechercher quelles diversions, quelles ressources la politi- que pourrait utiliser en faveur de l'un ou de l'autre parti. Si