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l'on emploie ce mode rationnel d'examen pour évaluer les
chances de succès que la France pourrait espérer dans le cas
où elle serait assaillie par les baïonnettes de l'Europe coali-
sée , on est conduit à concevoir pour ses armes les espéran-
ces les plus flatteuses de victoire et de triomphe complet.
   Lorsqu'en 1793 la représentation nationale , frappant du
pied le sol menacé de la France, en fit sortir quatorze armées
qui rivalisèrent d'énergie et de zèle pour repousser l'in-
vasion, ces défenseurs dévoués de nos libertés à peine nais-
santes avaient au cœur le saint amour delà patrie et l'horreur
de la domination étrangère; mais à ces nobles sentiments,, les
défenseurs de la France de 1840 joindraient encore l'amer
 ressouvenir des désastres et des hontes de 1815, et leur éner-
 gique valeur s'en augmenterait s'il était possible- Au premier
 coup de canon la France, oubliant tous les dissentiments de
 partis, se lèverait ardente et fière et volerait au combat pour
 défendre la sainte cause de l'intégrité territoriale et de l'hon-
 neur du pays. Quelle force aurait une armée animée d'un
 zèle aussi vif et d'une fraternité aussi touchante ! Les glorieux
 faits d'armes par lesquels nos pères sauvèrent la patrie se-
 raient égalés et dépassés peut-être , et la victoire accour-
 rait se ranger sous nos drapeaux.
    Mais ce puissant auxiliaire morale cette force du cœur qui
 de chaque soldat fait un héros manquerait à nos ennemis. La
 schlague et le knout peuvent apprendre à un homme à tour-
 ner méthodiquement à droite ou a gauche, mais ils ne sauraient
 inspirer ces nobles élans de courage qui emportent une re-
 doute à la baïonnette aux cris mille fois répétés de: Vive la
 patrie ! vive la liberté ! 11 faut donc distinguer entre les armées
 de la coalition et l'armée française; les premières sont des es-
 pèces de machines organisées pour faire la guerre , et obéis-
 sant à leur destination , mécaniquement, sans réflexion, sans
 passion , sans lâcheté peut-être, mais aussi sans énergie.
 Arrachés à vingt ans de leurs familles pour venir passer leur
 vie sous les drapeaux , les hommes qui composent ces forces