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376 seule en opposition contre l'Europe coalisée, d'examiner avee calme etimpartialité les chances que pourrait offrir une lutte engagée au milieu d'aussi graves complications. Il est à peu près certain que si la France voulait s'opposer aux envahissements ambitieux projetés par la Russie et par l'Angleterre sur la Turquie et ses dépendances et sur l'Egypte, elle se trouverait exposée à une guerre d'autant plus vive que son opposition aurait empêché la réalisation d'un succès pré- cieux et depuis longtemps désiré. Peut-être, au milieu de cette conflagration, qui d'abord pren- drait sans doute le caractère d'une guerre maritime, et dans la prudente attente des événements qui pourraient surgir, la Prusse et l'Autriche adopteraient-elles une neutralité armée. Cette hypothèse est certainement la plus favorable qui puisse être raisonnablement admise ; mais il est malheureusement probable que sa réalisation, d'ailleurs fort douteuse , n'aurait qu'une bien courte durée. La force des choses obligerait bien- tôt ces états à prendre part à la lutte , soit pour un parti, soit pour l'autre; leur choix ne saurait être douteux. Leurs gou- vernements seraient indubitablement entraînés à se joindre à la coalition , soit par l'espérance de recueillir encore quel- ques profits d'un triomphe sur la réalisation duquel le passé leur fournirait motif à de séduisantes illusions, soit par le désir de repousser à coups de canon les idées d'émancipation politique dont l'infiltration se fait parmi leurs peuples parle seul effet des tranquilles loisirs et de la facilité des communi- cations qui naissent du maintien de la paix. Ainsi, l'Angleterre, la Russie, l'Autriche et la Prusse uni- raient probablement leurs forces et leurs haines contre la France. Ce fâcheux accord aurait des conséquences qu'il im- porte d'examiner. Autour de ces quatre grands états se groupent, comme de fidèles satellites, des états secondaires qui, presque tous , su- bissent l'influence, suivent la fortune et embrassent les amitiés ou les haines de leurs voisins redoutables, incommodes amis