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 sentinelle qui nous avertit de bien des dangers et qui, déplus, nous
 procure bien des jouissances. Cependant, nous ne craignons pas de
 l'anéantir en le stupéfiant fréquemment par une vapeur acre et nar-
 cotique, comme si, autour de nous, ne s'élevaient pas assez de mias-
 mes délétères pour l'affecter. Mais un effet bien plus pernicieux
pour l'organe de l'odorat, c'est celui qui est produit par l'usage du
 tabac en poudre.
     On hésiterait à se remplir les narines d'une poudre sans proprié-
 té, sans action; et, sans réflexion et par l'attrait d'un plaisir insolite,
 on ne craint pas de s'introduire à chaque instant une grande quan-
 tité de poudre acre et stupéfiante, et rendue encore plus irritante et
 malsaine par l'addition de l'ammoniaque. Pour le priseur qui abuse
 il n'y a plus de parfums, plus defleursodoriférantes, tout son odo-
 rat est pour sa poudre favorite; il lui sacrifie les grâces de sa figure,
l'harmonie de sa voix. Son nez est tuméfié, son haleine nazale fé-
 tide et repoussante, sa voix voilée et nazillarde, rien ne le retient.
 II ne s'arrête même pas devant les dangers de la manière d'user ; il
puise sans réflexion dans une boîte commune où des doigts impurs,
dartreux ont trituré la nicotiane, et il ne redoute pas, pour un si
puéril plaisir, ces éruptions sous-nazales, si dégoûtantes et si fré-
quentes chez quelques priseurs.
     C'est en vain que les partisans de cet usagé auront recours à cet
argument : le tabac m'a été conseillé, le tabac m'a guéri... Eh bien!
c'est justement parce que le tabac a guéri qu'il a de la vertu, et
c'est parce qu'il a de la vertu qu'il est dangereux. Le quinquina,
l'opium, l'émétique guérissent aussi, mais on les abandonne quand
ils ont produit l'effet qu'on en attendait, et si on les continuait, ils
deviendraient des causes de maladie. Il en est de même du tabac,
c'est un bon remède, mais il ne faut pas plus en faire un usage habi-
tuel que des autres médicaments actifs (1).
    Le tabac introduit avec abondance dans les fosses nazales, rem-
    et) te tabac est te meilleur sternulatoîre quand on n'y est pas habitué. Il
produit sur la membrane qui tapisse les fosses nazales une médication pré-
cieuse, et dont, malheureusement, on ne peut plus profiter chez tes personnes
qui se sont habituées à cet usage.