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plitles anfractuosités qui s'y rencontrent, et s'agglomère sur les pa-
rois, y forme une espèce de mastic qui concourt, avec le gonflement
de la membrane pituitaîre, à obstruer cette cavité. De là, cette res-
piration pénible, cet accent désagréable, de plus cette odeur repous-
sante que présente ceux qui prisent avec excès et, pour ainsi
dire, machinalement. Ajoutons que cette introduction abondante
a encore un effet bien plus grave, par son influence sur les voies di-
gestives. Le mucus des fosses nazales, ^et le tabac lui-même, pen-
dant le sommeil, dans le coucher horizontal, coulent, par la gorge
et l'œsophage, jusque dans l'estomac, comme déjà je l'ai signalé.
Une grande partie de ces inconvénients pourrait être évitée par
ceux qui ne peuvent se passer de priser, s'ils l'aspiraient légère-
ment, sans l'attirer jusqu'au fond des narines, s'ils évitaient d'en
prendre avant le coucher, ou pendant la nuit, et surtout si, par des
lotions convenables, ils débarrassaient les fosses nazales de cette
poudre ammoncelée et déjà putréfiée. Enfin, disons-le avec franchise,
quelque soit le plaisir que trouvent les priseurs dans cet usage contre
nature, ne devraient-ils pas, pour eux, comme pour ceux qu les en-
tourent, s'en abstenir pendant le repas. Il y a dégoût et inconve-
nance dans cet usage à table; la poudre est souvent répandue sur les
mets ou dans les breuvages, et c'est un irritant, même un émétique
pour ceux qui n'y sont pas habitués.
   Je pourrais ajouter beaucoup d'autres effets, suite de l'usage im-
modéré du tabac prisé, tel que les ulcérations, les ozènes, les poly-
pes, les aphtes de la gorge, etc., etc. Heureusement, ces cas sont
moins communs, et ils peuvent être prévenus par les précautions que
j'ai indiquées. Au reste, il faut le dire, cette manière d'user du ta-
bac est beaucoup moins dangereuse et moins désagréable que celle
de fumer (1).
   L'AUDITION peut aussi être altérée par l'influence du tabac, surtout
chez ceux qui, par ignorance, cherchent à faire refluer la fumée par
les oreilles, en rompant la membrane du tympan. L'irritation com-

  (1) Un philosophe disait du tabac : « Celte poudre puante venue du Nouveau-
Monde pour empoisonner l'ancien. » Qu'aurail-il dit des nuages de fumée dont
nos promenades, nos rues, nos cafés sont remplis ?