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Messieurs, que Dieu gouverne le monde, et nous voyons que
partout l'idée domine la forme comme l'ame régit le corps ;
elle y supplée, elle la modifie, elle la brise môme au besoin
comme une entrave impuissante. En matière d'éducation,
elle compense l'infirmité des méthodes, et sans elle, les plus
savantes demeurent pauvres en résultats. Pourquoi ne pour-
rions-nous pas appliquer à cet ordre de choses le mot si pro-
fondément vrai de l'Écriture : La lettre tue et l'esprit vivifie !
S'il m'était permis, en effet, de hasarder quelques considéra-
tions historiques, il me semble qu'il serait facile de montrer
que les temps où se manifeste avec le plus de faveur le goût
des formes, des catégories, des méthodes, des rite3 exté-
rieurs, sont presque toujours des temps de décroissance
morale, ceux où il y a le moins de réalité profonde, le plus
d'infirmité intellectuelle. De là, Messieurs, ce mépris et ces
anathèmes de l'Evangile contre le Pharisaïsme slupide qui
réduisait tout aux observances légales. De là cette étonnante
assertion d'un philosophe de nos jours, que l'intégrité de
mœurs et le respect du droit sont en raison inverse de la
multiplicité des lois formulées et écrites. De là aussi peut-
être cette sorte d'insouciance relative qu'on reproche au ca-
tholicisme pour les moyens mécaniques et les petites indus-
tries. On s'étonne quelquefois que les protestants soient plus
méthodiques que nous dans les arrangements de la vie pra-
 tique, dans l'organisation de leurs prisons, de leurs écoles,
 de leurs Å“uvres de bienfaisance. Messieurs, la religion ca-
 tholique se garde bien de mépriser ces choses ; elle ne craint
 pas môme de les emprunter au besoin ; mais il est très vrai
 qu'elle s'en préoccupe un peu moins que les sectes rivales,
 forte qu'elle est d'une vie morale plus puissante, plus riche
  de charité et d'idées et par conséquent plus féconde en ma-
 gnifiques résultats. Quand l'esprit est fort, Messieurs, quand
  la sève des principes est abondante, tous ces moyens si com-