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228 ni té du pédant, mais qui ne donne dans les relations ordi- naires de l'existence ni une raison plus forte, ni des idées plus hautes, ni des manières plus nobles, ni des goûts plus généreux. Pourquoi, Messieurs, cette double et funeste lacune dans les résultats généraux de renseignement? Pourquoi cette dégradation de l'ame ou cette infirmité radicale de l'intelli- gence ? L'éducation manque, dit-on ; on s'occupe trop d'é- tudes et pas assez d'éducation. C'est vrai; et cependant on sent généralement l'importance théorique de l'éducation; tous les instituteurs conviennent qu'elle est plus nécessaire que l'instruction proprement dite. D'où, vient donc encore une fois la stérilité de tant d'efforts, l'impuissance de tant de moyens ingénieux, de tant de maîtres habiles consacrés à élever la jeunesse? Je le dis sans crainte, Messieurs, cela vient de l'absence ou de l'erreur des principes. Il n'y a là aucune conviction puissante, ou il y en a de fausses. Allez au fond, cherchez l'idée originelle, le principe dominant, et vous serez étonnés peut-être de n'y trouver que le mobile sans ame de l'argent ou le mobile funeste de l'erreur; l'in- térêt ou le déisme, point d'idées ou des idées anti-religieuses. Après cela, ne vous étonnez plus des résultats insuffisants ou mauvais. Toute œuvre qui n'est pas mue par des principes est comme un corps sans ame et un arbre sans sève ; elle est privée de vie morale et de fécondité. N'est-il pas vrai, Mes- sieurs, que ce qui excite le zèle des maîtres, ce qui l'ennoblit et l'exalte, ce ne sont pas les méthodes, mais les idées, les grandes vues, les convictions généreuses? Là est le stimulant le plus actif et le plus fort du travail, de la patience et du dévoûment. Quoiqu'on en puisse dire, on ne se dévoue pas pour une méthode, on ne se passionne pour une méthode si parfaite qu'elle soit. Au contraire, il n'est pas de sacrifice qu'on ne soit prêt à faire pour une idée. C'est par les idées,