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486 Mais péri passagère et vouée à la flamme, La cité lumineuse éblouissait ton ame , Et risquant ta faiblesse aux dangers des chemins, Pour enhardir ton vol on te battait des mains ; Croyant qu'il est partout des brises embaumées Tu vins heurter ton cœur à des portes ïermées; Tu dis long-temps : c'est moi!... je passe... il faut m'ouvrir!.., La réponse fut lente et tu viens d'en mourir. L'harmonieux tourment tremblait dans ta parole, Mercœur ! Ton premier chant bégaie un cri d'adieu : Ce cri poussé, perdu dans un écho frivole Etait grave, et déjà se rapprochait de Dieu! Que lui demandais-tu? De l'air libre et des ailes : Tu les as ! nous vois^tu traîner nos pieds sous elles ? Porter pierre sur pierre à ton doux monument, Pour charmer ta jeune ombre en son isolément? Pour dire au temps : voyez! elle était jeune, aimée; Elle avait une voix qui survit à la mort ; Une ame dont la forme est vite consumée ; Un espoir qui s'allume et s'éteint sans remord : Un soupir, s'il vous plaît], à la poète fille ; Une brise au gazon qui la couvre déjà ! Une fleur sur son nom qui se cache et qui brille ; Un regret au roseau que te vent détacha ; Une larme à sa mère... elle vit après elle! Sans pleurer son enfant ne vous éloignez pas : Ses saules verseront , dans leur culte fidèle, Un chant à votre oreille et de l'ombre à vos pas ; Un soupir! un soupir! l'horloge s'e st trompée, Elle a sonné la mort pour l'heure de l'hymen : Vierge enfant, quand sa trame au hasard fut coupée , Elle montait la vie et lui tendait la main ! On épuisait alors cette vibrante lyre; Sa misère voilée on la lui faisait lire , Car le monde veut tout quand il daigne écouter , Et quand il a dit : chante! il faut toujour chanter. Par d'innocents flatteurs, innocemment déçue, L'ame se consumait, victime inaperçue , Et quand l'oiseau malade à son toit remontait, Sa tête sous son aile et sans graine , il chantait !