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Mais péri passagère et vouée à la flamme,
La cité lumineuse éblouissait ton ame ,
Et risquant ta faiblesse aux dangers des chemins,
Pour enhardir ton vol on te battait des mains ;
Croyant qu'il est partout des brises embaumées
Tu vins heurter ton cœur à des portes ïermées;
Tu dis long-temps : c'est moi!... je passe... il faut m'ouvrir!..,
La réponse fut lente et tu viens d'en mourir.
L'harmonieux tourment tremblait dans ta parole,
Mercœur ! Ton premier chant bégaie un cri d'adieu :
Ce cri poussé, perdu dans un écho frivole
Etait grave, et déjà se rapprochait de Dieu!
Que lui demandais-tu? De l'air libre et des ailes :
 Tu les as ! nous vois^tu traîner nos pieds sous elles ?
Porter pierre sur pierre à ton doux monument,
Pour charmer ta jeune ombre en son isolément?
Pour dire au temps : voyez! elle était jeune, aimée;
 Elle avait une voix qui survit à la mort ;
 Une ame dont la forme est vite consumée ;
 Un espoir qui s'allume et s'éteint sans remord :
 Un soupir, s'il vous plaît], à la poète fille ;
 Une brise au gazon qui la couvre déjà !
 Une fleur sur son nom qui se cache et qui brille ;
Un regret au roseau que te vent détacha ;
Une larme à sa mère... elle vit après elle!
Sans pleurer son enfant ne vous éloignez pas :
Ses saules verseront , dans leur culte fidèle,
Un chant à votre oreille et de l'ombre à vos pas ;
Un soupir! un soupir! l'horloge s'e st trompée,
Elle a sonné la mort pour l'heure de l'hymen :
Vierge enfant, quand sa trame au hasard fut coupée ,
Elle montait la vie et lui tendait la main !

On épuisait alors cette vibrante lyre;
Sa misère voilée on la lui faisait lire ,
Car le monde veut tout quand il daigne écouter ,
Et quand il a dit : chante! il faut toujour chanter.
Par d'innocents flatteurs, innocemment déçue,
L'ame se consumait, victime inaperçue ,
Et quand l'oiseau malade à son toit remontait,
 Sa tête sous son aile et sans graine , il chantait !