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torité capable de vous faire composer avec vos devoirs, avec
votre conscience ? La Convention nationale a bien entendu vous
empêcher de me juger; et certes cette autorité auguste , qui est
la toute-puissante, et à laquelle vous ne déférez cependant p a s ,
vaut bien celle à laquelle vous paraissez si complaisamment vous
soumettre.
« Je me résume, et je dis : Je suis devant mes bourreaux ou
mes juges.
« Mes bourreaux, si vous êtes tout à la fois juge et partie , si
vous affectez de mépriser une autorité devant laquelle disparaît
la v ô t r e , qui en est émanée ; si vous avez la faiblesse de vous
laisser influencer par l'esprit anti-républicain, maintenant pré-
pondérant dans cette ville ; si même vous ne vous mettez pas
en garde contre votre propre opinion, qui est peut-être perver-
tie, et dès-lors je n'attends plus de justice : voilà ma tête, hâtez-
vous de la faire tomber, elle attestera mon patriotisme et dépo-
sera éternellement contre votre barbarie.
« Mais si vous êtes mes j u g e s , comme j'aime encore à le
croire, incapables de ressentimens particuliers, de prévention
locale, de haine, de vengeance, si l'esprit de parti si dangereux,
manifesté ouvertement et sans pudeur contre m o i , n'est compté
pour rien dans la profonde sagesse et la fermeté de votre cons-
cience, je me jette dans vos bras en réclamant justice et protec-
tion. »
Le tribunal ne tint compte ni des moyens d'incompétence, ni
de ceux de récusation, et passa outre en procédant au jugement
du fond. Le président Cozon réduisit l'accusation à quinze chefs;
les jurés se retirèrent, et après huit heures de délibération ,
firent la déclaration suivante :
1° Il a été formé un complot d'égorger un grand nombre de
citoyens de cette ville, qui devait être mis à exécution dans les
premiers jours de février dernier.
2» Ce complot a été développé dans une assemblée tenue le
6 du même mois au club central, o ù , les portes fermées, on a
préalablement exigé le serment de garder le secret sous peine
de mort. Après la prestation de ce serment on y annonça que
les détenus à l'hôlel commun étaient des aristocrates contre-vé-