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au milieu de ces éléments de propagation, et j'ai appris des ha-
bitants ainsi que de plusieurs chirurgiens de la marine, qu'elle
est peu commune dans la ville et que les marins en sont assez
rarement affectés. J'ai cru trouver les causes de ce fait dans la
température douce du climat, dans la grande propreté des ha-
bitants , et peut-être dans l'état du système lymphatique qui est
rarement prédominant chez les Mahonais.
   Le 2 mai, le vent de S.-O. était moins fort et le départ fut or-
donné. Mais la ville que nous quittions est pour les marins une
seconde Capoue. Deux matelots avaient déserté le, bord et res-
tèrent dans l'île ; trois autres payèrent, en cette occasion , leur
infraction à la discipline par des punitions sévères et q u i , du
 moins en France, ne sont plus en usage qu'à bord des bâ-
timents.
   Nous naviguâmes pendant deux jours ^ et le troisième , à cinq
heures du soir, nous étions dans la rade étroite et peu sûre
 d'Alger. Enfin je me trouvai bientôt dans cette ville, naguère la
terreur de la Chrétienté, aujourd'hui l'une des plus riches colonies
 du monde chrétien.
    C'est une singulière impression que celle que l'on éprouve en
 parcourant pour la première fois les rues d'Alger! Dix peuples
 différents! qui tous ont conservé leurs habitudes, leur costume et
leur langage. Les Maures au maintien grave, au regard froid et
 sévère ; leurs femmes aux longs vêtements blancs qui les couvrent
 de la tête aux pieds et leur voilent entièrement la figure; les Turcs
 qui méprisent toujours les Arabes ; les Juifs, plus malpropres et
 plus immoraux (1) en Afrique que sur tous les autres points du
 globe ; les Juives, dont la robe traînante , les ornements dorés et


    (l) Les ravages que le choléra vient de faire parmi la population juive d'Al-
 ger sont comparativement beaucoup plus grands que ceux qu'il a exercés parmi
 les autres habitants de cette colonie. C'est là, sans contredit, une nouvelle preuve
de l'influence fâcheuse de la malpropreté, de l'entassement d'un grand nombre
d'individus dans des logements étroits, et d'une conduite peu régulière, sur le
développement et la marche meurtrière dé cette épidémie. Les juifs, en effet,
offrent toutes ces conditions d'insalubvité à uu si haut degré) cju'il est difficile de
s'en faire une idée.