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 père Sournois... Mais je veux vous faire la description de ce sa-
 lon ; peut-être n'en avez-vous jamais vu de p a r e i l , et ils de-
 viennent rares. -— Figurez-vous une pièce de trente six pieds en
 c a r r é , haute à proportion ^ boisée à pilastres peints et d o r é s ,
 dont les intervalles étaient remplis par une tenture de damas
 jadis rouge , mais commençant à tirer sur le noir. Le plafond
 peint par un Vanloo de province, représentait bizarrement group-
 pées sur de solides nuages des nymphes dont les robustes propor-
 tions lésaient assez bien la charge de Venus callipége. Ce chef-
'd'œuvre était éclairé par trois portes-fenêtres donnant sur une
 terrasse d'où on découvrait un de ces paysages dont les environs
 de Lyon abondent. Entre les fenêtres étaient de ces meubles
 qu'on appelait pieds dorés ; c'était une espèce de console à dessus
 de marbre , découpé à festons , dont les pieds tournés , cambrés
 et entrelacés d'une guirlande de pampres , étaient couverts
 d'une dorure que le temps et les mouches n'avaient guère é p a r -
 gné... Sur l'une de ces vénérables reliques du temps de Louis XIII
 et sous une cage de verre , il y avait, je ne sais p o u r q u o i , un
 amiral de Tourville en biscuit de Sèvres, en grand costume avec
 bourse et manchettes ; le classique rouleau de parchemin dans
 la main droite , et la gauche fièrement appuyée sur la garde de
 sou épée qui se dérobait sous une touffe de r u b a n s . Le tout d e -
 bout sur une nef à l'avant de laquelle on lisait le nom de l'amiral
 afin qu'on n'en ignorât. Tout cela était galamment orné d'une
 raisonnable quantité de lis en cuivre.
   En regard du redoutable amiral était un excellent buste de
femme représentant ma grand'mère, dû au ciseau de Cowley ,
dans le temps où la grande duchesse Marie, la proclama la meil-
leure et la plus jolie femme de Pétesbourg. Contre le mur qui
faisait face aux fenêtres , était un antique clavecin à deux cla-
viers de manufacture anglaise. Tout à côté , un paravent de vrai
papier de Chine était plié en é t é , et étalait en hiver ses dessins
bizarres autour d'une immense cheminée ciselée avec plus de
patience que de goût ; où devant une glace encadrée dans une
guirlande de feuilles à jour , figurait une énorme pendule que je
délestais de.tout mon c œ u r , car elle retardait toujours pour les
heures de récréations, A ses côtés étaient rangées de petites figu-