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fut affectée au collège des médecins. Un très-beau parquet en
marbre poli remplaça les dalles en pierre de la chapelle, et une
superbe barrière en fer fut placée à son entrée sur le quai de
Retz. Toutes ces réparations furent payées par la commune; mais
avant de prendre possession de leur nouveau local, les médecins
y firent exécuter à leurs frais des embellissemens considérables,
 et placer au dessus de la porte extérieure un marbre sur lequel
 étaient gravés ces mots :

                    COLLEGIUM MEDICORUM.

   L'école fut ensuite ouverte par un discours inaugural que pro-
nonça le docteur Rame, en présence de l'archevêque, du premier
président, du procureur du roi, du prévôt des marchands et des
éclievins. l e s trois professeurs de l'école, MM. Joly, Gilibert et
Yilet commencèrent immédiatement leurs cours. Le premier en-
seignait l'anatomie, le second la botanique, et le troisième la
chimie. One année s'était à peine écoulée depuis leur installation,
quand tout-à-coup des bruits sourdement répandus les accusèrent
 d'arrêter nuitamment, sous la voûte du collège, les passans pour
les faire servir à l'instruction de leurs élèves. « Les médecins,
disait-on , leur cassent les bras et les jambes pour apprendre aux
ctudians à les raceomoder, et ils enlèvent aussi de petits enfans
pour les disséquer tout vivans. »
   Le dimanche 27 novembre, dans le temps où les Lyonnais re-
venant de la promenade, rentrent dans la ville, quelques femmes
passant sur le quai de Retz, devant le collège de médecine, s'ar-
rêient comme pour le considérer : « Voilà pourtant, disent-elles,
le lieu où l'on dissèque les enfans tout vivans.... » II se forme peu
à peu autour d'elles un attroupement assez considérable qui paraît
fortuit, paisible, inoffensif, qui se réduit à de simples colloques,
 sur les propos hasardés par les uns et combattus par les autres.
 Les promeneurs qui voient des personnes stationnées et en confé-
 rence font halte; ceux qui les suivent sont successivement fixés
 par la curiosité dans le même lieu. Les arrivans demandent de
 quoi il s'agit, et chacun enchérit sur ce qu'il a entendu. Tout-à-
 coup on en vient à dire qn'un enfant a été enlevé à l'instant même
 des côtés de sa mère         ; que ces sortes d'enlévemens étaient
 fréquens, et que depuis quelques jours on s'apercevait qu'il man-
  quait beaucoup d'enfans dont on n'avait pu découvrir les traces.
  Ces allégations circulent de bouche en bouehe, et bientôt l'alarme
  devient universelle, Des hommes pris de vin s'irritent à ces récits,
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