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sss « plus grandes ( s'il plaît à Dieu lui donner la grâce de parachè- v ver ) , que roy ni prince en aient encore fait faire en ce royau- e « me, comme un chacun de ceux qui en sont capables le pourra « juger , voyant le commencement dudit palais. » Ce passage prouve évidemment deux choses : la première, c'est que la participation de Jean Ballant aux travaux des Tuile- ries , doit être considérée comme une véritable chimère ; la se- conde, c'est que.la prodigalité de richesses et d'ornemens em- ployés dans la décoration de ce palais , prodigalité si reprochée , et avec tant de raison , n'est pas entièrement du fait de Phili- bert De Lorme. Obligé , comme architecte , de se plier au goût particulier de Catherine de Médicis , il a dû se conformer aux idées de cette princesse, et très-probablement, il l'a fait sans les désapprouver intérieurement, sans qu'elles lui fissent éprou- ver la moindre répugnance. Effectivement, tous les connaisseurs sont assez d'accord pour refuser à Philibert De Lorme la simplicité , la pureté de goût que Pierre Lescot et quelques autres architectes de l'époque pos- sédaient à un si haut degré : combien donc se trompent les per- sonnes qui croient que notre Lyonnais, afin de prévenir les re- proches de la postérité , s'est adroitement dépêché, par le pas- sage cité plus haut, de se décharger de toute responsabilité, et delà faire peser sur la reine-mère ! Notre opinion, au contraire, à nous qui n'y cherchons pas tant de finesse, est que le passage dont il s'agit, contient l'expression bien franche et bien naïve delà pensée et des sentimens de Philibert De Lorme, et que les éloges qu'il donne au gentil esprit et à l'admirable entendement de Catherine de Médicis, sont de la plus grande sincérité. S'il en était autrement, Philibert De Lorme aurait essentiellement man3 que de bonne foi, il y aurait eu de sa part une lâcheté fort mé- prisable , et cette conduite indigne est peu croyable dans un brave homme , dans un excellent homme comme lui. A nos yeux, Philibert De Lorme et la reine-mère sont donc également responsables de cette prodigalité de richesses et d'or- nemens employés aux Tuileries , notamment au rez-de-chaussée du pavillon central, et les reproches doivent s'adresser à l'un comme à l'autre. Tous les deux sont bien certainement solidaires