page suivante »
292 encore quelques souvenirs du style romain, qui n'a disparu com- plètement dans le midi, qu'à l'époque de la renaissance. On re- marque autour de l'apside principale ( c'est la partie la plus an- cienne) une espèce de frise ou de cordon d'incrustation rouge sur fond de marbre blanc, dont les ornemens sont tout-à -fait by- santins. Les arcades de la galerie, qui fait le tour du chœur, portent sur des colonnes et des pilastres très-ornés , ou plutôt très-tourmentés , appartenant à la dernière période du style ro- man. Peut-être proviennent-ils de l'ancienne église, sur les ruines de laquelle la cathédrale actuelle aurait été bâtie. « Sa façade , autrefois décorée d'un granà nombre de statues, a beaucoup souffertdu fanatismedes protestans, qui n'ontpas laissé aux iconoclastes de 93 un seul saint à décapiter. Pourtant les vous- sures des portes offrent encore un grand nombre de petits bas- reliefs très-curieux^ surtout par la variété des costumes qu'ils re- présentent. Ce sont ces costumes qui me font penser que cette partie de la façade remonte plus haut que le XVe siècle. En effet, on observera que tous les guerriers sculptés dans les médaillons des entrecolonnemens du portail sont revêtus de cottes de mailles, comme au XIIIe siècle, et non d'armures forgées. Il est vrai que par la même raison que nos artistes d'aujourd'hui copient leurs prédécesseurs, ceux d'autrefois ont pu faire la même chose. Tou- tefois , la grande ressemblance de plusieurs de ces bas reliefs avec ceux des portes de Notre-Dame de Paris me persuade qu'ils sont contemporains. « Les Lyonnais montrent avec orgueil aux étrangers la jolie chapelle de Bourbon, bâtie par le cardinal de ce nom et son frère, Pierre de Bourbon , gendre de Louis XI. Elle se distingue par des ornemens d'une délicatesse et d'un précieux qui m'ont rappelé les tours de force de Brou (1). Les chardons (on écrivait autrefois cherdons), qui se reproduisent dans tous les ornemens, sont un jeu de mots en sculpture. On prétend que Pierre de Bour- bon voulait exprimer ainsi que le roi lui avait fait un cher don en lui donnant sa fille. Le calembourg est détestable, mais la ciselure est merveilleuse. (1) L'église de Brou, Revue du Lyonnais, tome I , page 97.