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    et criant : Discedite omnes qui operamini iniquitatem ! qu'une mul-
    titude de diables sortit du dortoir en fuyant et vint se précipiter
    sur une religieuse encore novice , que ses parens avaient contre
    son gré renfermée dans le couvent. Cet incident jeta la panique
•N dans l'assemblée ; on se regardait avec épouvante et tous se
   disposaient à suivre le premier qui s'enfuirait. Les religieuses
   pâles et tremblantes, se serraient l'une contre l'autre comme des
    brebis au milieu desquelles un loup s'est tout à coup jeté. La
   consternation était générale, et l'on ne savait plus à quel saint
   se vouer, lorsque l'abbesse s'empara vaillamment de la novice
   et la tint jusqu'à l'arrivée de trois prêtres. Pendant ce temps, la
   jeune fille implorait les secours de la Vierge, et se défendait
   autant qu'il était en son pouvoir contre le mauvais esprit qui
   ne le possédait pas encore entièrement. Enfin, après l'avoir liée,
   non sans peine, avec des étoles, on chargea les trois prêtres de
   la tenir pendant qu'on achèverait l'exorcisme de sœur Antoinette
   que cette circonstance avait interrompu. La chronique ne dit
   pas ce que de vint cette victime de la cruauté de se s parens.
       Lorsqu'on eut purifié par l'eau bénite , ainsi que nous venons
    de le voir, jusqu'au plus petit réduit du couvent, l'évêque célé-
    bra une messe pendant laquelle Antoinette fit offrande d'un pain
   blanc et d'un pot de vin. Le révérend adressa ensuite aux assis-
    tans la harangue suivante :


           « Mes seigneurs et bons amis ,

       « Nous, en votre présence, avons ja commencé grandement
    à procéder à nostre affaire : car premièrement nous avons con-
    juré le mauvais esprit, jette et excommunié, si d'aventure il y
    eust été, suivant cette jeune religieuse. Par quoi nous connois-
    sons quasi lucidement que ce que c'est, n'est que de la part de
    Dieu : non pourtant veux-je sçavoir plus avant en interrogeant
    ladite ame ou esprit ; à cette fin que par lui mesnqe connoistrons
    la vérité; nous par nostre bon conseil y puissions parvenir plus
    amplement. »
       L'évêque ayant ainsi parlé, on fit asseoir sœur Antoinette sur