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la hardiesse d'aller joindre le roi ; il en fut mieux reçu qu'il n'avait lieu de s'y
attendre après ce qui s'était passé à Paris ; ses excuses furent prises pour meil-
leures qu'elle n'étaient, et le roi dissimulant son ressentiment, lui redonna ses
bonnes grâces, il promit d'oublier le passé, et pour sceller en quelque manière
cette amnistie , il lui donna le commandement général sur toute la gendarmerie
de France; il nomma le duc de Mayenne son frère pour commander l'armée en
Dauphiné et rendit au duc de Nemours le gouvernement de Lyon en la maniera
que son père l'avait tenu. L'archevêque ne fut pas oublié dans la distribution de
ses bienfaits ; il lui promit la garde des sceaux de France, lui donna l'entrée au
conseil secret, ne l'ayant auparavant qu'en celui d'état, et lui lit espérer un
chapeau de cardinal. Toiites ces grâces répandues avec profusion sur des sujets
infidèles, ne servirent qu'à les noircir d'une plus grande ingratitude et les ren-
dre plus coupables.
    Le duc de Mayenne , après avoir été nommé pour commander l'armée en Dau-
 phiné contre les religionnaires, se rendit incessamment à Lyon. Cette armée
 ayant été affaiblie par ses pertes précédentes, il ne jugea pas à propos d'aller se
 mettre à sa tête, et s'arrêta dans cette ville sous prétexte d'attendre de nouveaux
 secours. Le séjour que ce duc y fit sans aucun dessein en apparence , devint nui-
 sible aux Lyonnais ; car, au lieu d'aller s'opposer aux entreprises du duc de Savoie
 qui s'empara pour lors du marquisat de Saluées, il employa le temps à régaler
 ceux qui tenaient les premiers rangs dans cette ville ; attentif à plaire à tous , il
 n'épargnait ni les caresses, ni les promesses pour parvenir au but qu'il s'était
 proposé ; il ne s'était ouvert sans réserve qu'avec ceux que l'archevêque lui avait
 désignés comme déjà attachés au parti, se contentant d'insinuer aux autres , par
 des discours artificieux et couverts, les avantages qu'ils devaient attendre en
 s'unissant à la Ligue. Ces raisonnemens souvent répétés , débités avec un air de
 confiance et soutenus d'une apparence de bien public, firent une impression
secrète sur un grand nombre et disposèrent insensiblement les esprits au change-
 ment. Pendant que le duc de Mayenne conduisait secrètement ses brigues danscette
ville, le roi convoqua les états à Blois; les échevins voulant dresser les cahiers
qui devaient y être présentés, firent publier au son de trompette qn'il était permis
 à tous les habitans de donner des mémoires tels qu'ils jugeraient convenable pour
le bien public, auxquels on aurait égard, et firent placer un tronc à l'entrée
 de l'Hôtel-de-Ville pour y être jetés. Ce moyen inusité ne produisit que des
libelles diffamatoires et des pàsquinades en rime et en. prose, et ne répondit pas
à l'attente des inventeurs qui y furent les premiers maltraités. Les députés qu'on
choisit pour assister aux étals furent Nicolas de Chaponay et Pierre Scarron, tous
deux échevins. Cependant Mandelot informé de l'injustice que le roi lui avait
faite en donnant son gouvernement au duc de Nemours, au préjudice de son
gendre à qui il avait donné la survivance, fut pénétré de douleuï de voir sa
fidélité et ses services oubliés en un instant; la crainte d'en être dépouillé même