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                  LtTTRES DE L'ÉCOLE NORMALE                         407

nous avons passé au salon et quelques jeunes gens sont
venus, entre autres Henry Roë que vous connaissez ( i ) ,
Mme Roë qui m'a si bien accueilli l'année passée, veut bien
encore s'occuper de moi, et je crois que ces vacances elle a
l'intention de me faire des politesses.
    Ces vacances ! quel joli mot, mes bons parents, car c'est
celui qui exprime ce que je désire le plus, c'est-à-dire ce
qui me rapprochera enfin de vous. Toutes les fois que je
vois passer une diligence qui part pour Lyon, j'ai le trem-
blement, et en disant adieu à Giamarchi, et dernièrement
à Caillaud, j'étais jaloux en songeant qu'ils partaient déjà
et que j'avais encore si longtemps à attendre.
    Cette longue attente rendra plus vive encore la joie que
j'aurai de vous voir, et je cherche à mériter cette joie par
un travail sérieux. Je veux pouvoir vous dire que je n'ai
pas perdu mon année, que vos sacrifices ont des fruits, que
j'use bien de cette absence qui nous est si pénible à tous.
Qu'y aurait-il de plus déplorable que de me séparer dé
vous pour mieux profiter, et ensuite de perdre mon temps
de perdre ces moyens d'instruction que j'achète par la dou-
leur de ne pas vous voir ?
    Aussi, mon bon père et ma bonne mère, que cette
crainte ne vous trouble pas. Je travaille ici de toutes mes
 forces. Ce travail a deux buts, d'abord de vous assurer un


  (1) Henry Roë, né à Lyon, le 9 novembre 1820, inscrit au barreau
de cette ville en 1842, entra, en 1852, dans la magistrature où il par-
courut une brillante carrière. Il était premier président honoraire de la
Cour d'appel de Chambéry, quand il mourut, le 6 juin 1892. Membre
de la Société littéraire de Lyon, il avait présidé cette compagnie savante
pendant l'année académique de 1861-1862 (V. sa notice biographique
dans la Revue du Lyonnais de juin 1892).