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               LETTRES DE L'ÉCOLE NORMALE                333

m'amuser, et je crois bien que le seul plaisir qui me sera
convenable avec mes mœurs sérieuses, ce sera de faire de
temps en temps de grandes courses à cheval, qui serviront
à la fois à ma santé et à mon délassement. Il est bien cer-
tain que quoi qu'il arrive, j'apprendrai alors l'équitation,
mais je voudrais bien, si c'était possible, la savoir avant,
afin de pouvoir en jouir tout de suite, et ne pas avoir l'in-
convénient de prendre des leçons avec mes élèves de rhé-
torique, dans la ville où je serai placé.
    Il y a plusieurs de mes camarades qui prennent dès à
 présent des leçons d'équitation, ce qui me rend la tentation
 plus vive encore. Nulle part on n'a des maîtres si bons
 qu'à Paris, et nulle part ce n'est à si bon marché. Je vous
 envoie le prospectus du Manège où vont mes camarades ;
 c'est aussi celui où vont les élèves du collège de Charle-
 magne, et l'Ecole polytechnique. Comme vous verrez, c'est
 tout près de nous. On a assez de 2 / leçons pour pouvoir
 aller seul. En outre il faut 10 francs d'entrée, et une cra-
 vache de 2 francs; c'est donc 62 francs que me coûterait
 l'éducation. Or, ces 2 / billets, je ne pourrai cette année en
 dépenser qu'une dizaine; le reste sera reporté à l'année
 prochaine, et vous voyez que cet argent durera encore bien
 longtemps. Voyez mes bons parents si vous jugez cette
  dépense trop forte pour me le permettre. Je ne vous cache
  pas que j'ai grand désir d'obtenir cette permission, cepen-
  dant, comme votre volonté est la mienne, je me confor-
  merai à votre décision.
     Pour le danger il est nul, il y a au Manège des enfants
  de 8 ans, on nous donne des chevaux très doux d'abord,
  et on ne va que par degré à ceux qui sont plus beaux et
  plus vifs. Les maîtres sont des officiers décorés, qui ont
  beaucoup d'attention pour les élèves. En outre, je crois être