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32é HENRI HIGNARD véritable ouvrage pour la grosseur. Dans ma prochaine lettre, je vous en dirai le résultat. Ce soir et la semaine prochaine je me reposerai bien. J'ai reçu une lettre charmante de Bariod et de Mrae Elisa. Tous deux ont été un peu malades. La préparation de Louis en a souffert, et c'est bien fâcheux, car il serait si heureux d'être reçu cette année ! Je comprends que cette préparation laborieuse doit être bien pénible, lorsqu'on a déjà des devoirs de père et d'époux, aussi je crois qu'il est très important de se débarrasser de tous ses grades avant de se mettre en ménage. En travaillant comme il faut, je crois qu'à vingt-six ou vingt-sept ans on peut avoir fait le plus gros et avoir une existence bien assurée ; alors, on peut se reposer et vivre pour soi, en faisant le bonheur d'une autre. Jamais je ne me suis trouvé plus disposé à travailler que maintenant, toutes ces langueurs qui me fatiguaient encore au commencement de l'année ont disparu. Ma santé s'en trouve beaucoup mieux, car rien ne me fatiguait davantage que ces longues journées d'abattement qui revenaient de temps en temps. Pendant que je vous écris, M. Vacherot nous fait une leçon d'histoire de la philosophie, mais je ne l'écoute pas et je n'y perds guère. Le pauvre homme gesticule sur sa chaire, il tape sur sa table comme s'il voulait la briser, et il se donne un mal du diable pendant que tout le monde lit ou fait autre chose. C'est une prédication en plein désert. Les philosophes eux-mêmes, qui ont seuls besoin de ces cours, le trouvent si absurde qu'ils aiment mieux ne penser à rien et s'engraissent à dormir. Du reste, nous sommes fort bien ensemble, parce qu'il nous laisse parfaitement . tranquilles, et qu'il se borne à s'enrouer deux fois par semaine sans exiger autre chose.