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LETTRES DE L'ÉCOLE NORMALE 227 nous passerions ensemble valent mieux que tous les succès du monde. J'ai été trouver M. Dubois pour lui parler de ma demi- bourse. Je lui ai exposé toutes mes raisons avec le plus de force que j'ai pu, il m'a répondu que mes droits étaient évidents ; mais que l'école ayant reçu cette année un plus grand nombre d'élèves que les années précédentes elle était mal en fonds. Que du reste, cette question lui serait bientôt soumise ; qu'il verrait tout ce qu'il pourrait faire, et que s'il était possible de m'accorder la bourse entière, il saisirait cette occasion de m'être utile. Cependant il ne pouvait rien me promettre. Ainsi, mes bons parents, sur un sujet qui me tient au cœur, je n'ai rien de certain à donner. 11 est possible que je vous prive encore de votre argent pendant tout mon séjour à l'école; mais s'il en était autrement, j'en aurais une grande joie. Dimanche prochain, nous devons dîner avec M. de Gourgas qui nous apporte du vin de Champagne, il peut le choisir bon, puisqu'il est sur les lieux; et le dimanche suivant, je crois que nous aurons un petit dîner de la deuxième année en l'honneur de la licence. Ainsi pour quelque temps je suis tout entier dans la débauche. Mais comment faire autrement? M. de Gourgas avait eu la bonté de m'écrire une bonne petite lettre pour le jour même où je passais mon examen de la licence. Je lui ai su gré de. cette attention délicate, que je n'ai pu mériter en rien. M. Raison a été bien con- tent de mon succès qui au bout du compte est le sien. Combien je sens maintenant tout le prix des services qu'il m'a rendus ! Turquan a été bien reconnaissant de votre bon souvenir. C'est un excellent garçon qui a un très bon cœur, et qui