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210 HENRI HIGNARD que j'ai pour vous ; au contraire, ils s'augmenteront l'un par l'autre; et je serai bon fils parce que je serai bon père, bon père parce que je serai bon fils. Que je vous raconte ma journée de dimanche, elle a été curieuse. A une heure, à la conférence de M. de Ravignan à Notre-Dame, je vis O'Farrell qui me garde des chaises ; il m'emmena avec lui en sortant pour aller entendre notre bon Père Humphry, qui prêchait à Saint-Germain- l'Auxerrois que l'on vient de réparer à merveille ; nous passâmes auparavant chez mon oncle, à qui je voulais rendre un parapluie, et je causai un instant avec ma cousine. A Saint-Germain, je rencontrai M. Ferrand de Missol, un médecin célèbre dont j'ai fait la connaissance chez le Père Humphry, et que je vais voir presque tous les jeudis ; après le sermon, il m'emmena dans là chambre de la cure, où le bon Père se reposait, et là tous deux me demandèrent comment j'allais. J'étais souffrant; quoique j'eusse assez peu marché, je ne pouvais pas me soutenir de lassitude, et ma tête était très lourde. Là -dessus, ils m'improvisèrent une consultation, et M. Ferrand, après m'avoir bien examiné, et m'avoir bien fait raconter tout ce que je ressentais, arriva à cette conclu- sion que j'étais taillé pour vivre cent ans, mais que je ne prenais pas assez d'exercices, et que mes digestions en étaient gênées ; que même, si je n'y prenais pas garde, je pourrai m'abîmer entièrement l'estomac, et que c'était là l'unique cause de mes maux de tète," qu'en conséquence, il fallait acheter immédiatement des pastilles de Vichy, et tous les jeudis et les dimanches, faire de très longues courses de manière à me harasser ; puis ils me forcèrent de partir immédiatement pour exécuter l'ordonnance. J'allai acheter des pastilles, et je me dirigeai vers le faubourg du